samedi 21 novembre 2009

The Woman in the Window (la femme au portrait)


"... We see what happens to middle-aged men who try acting like colts."

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Sorti un peu plus de quinze jours seulement après Ministry of Fear, The Woman in the Window est adapté d'un roman(1) de J.H. Wallis et produit par Nunnally Johnson, ancien journaliste et ex-scénariste (notamment de The Grapes of Wrath) à la Fox. A l'incertaine intersection entre polar et drame psychologique, sorte d'anti-The Postman Always Rings Twice avant l'heure, ce dixième film de la période étasunienne de Fritz Lang constitue assurément à la fois l'un des meilleurs opus et une nouvelle étape de cette partie de la carrière du cinéaste. Une notoriété également liée au talent inestimable d'Edward G. Robinson, aussi éloquent sous la direction de Curtiz, Wilder ou, bientôt, Welles, Huston et Mankiewicz.
 - film - 7920_19
Maître-assistant en criminologie à l'université, Richard Wanley retrouve à leur club ses deux vieux amis après avoir accompagné sa petite famille au train. Le procureur Frank Lalor et le chirurgien Michael Barkstane se moquent gentiment de lui en le trouvant en admiration devant le portrait d'une femme placé derrière la vitrine voisine. Puis lorsque le professeur annonce sa perte de goût pour les sorties et aventures nocturnes, y compris galantes, d'autant qu'il doit assurer un cours le lendemain matin. Lorsque le serveur le sort comme convenu de sa lecture à vingt-deux heures trente, Wanley s'apprête à regagner paisiblement son domicile. Il s'attarde cependant encore une fois devant le portrait et voit alors apparaître à côté du visage peint celui, identique, d'une jeune femme, le modèle du peintre. Après un verre, cette dernière propose de lui montrer chez elle des esquisses du même artiste. Mais juste avant l'ouverture d'une seconde bouteille de champagne, l'amant occasionnel de l'inconnue entre dans l'appartement, et furieux de la présence d'un autre homme, entreprend d'étrangler Wanley. Celui-ci ne doit son salut qu'à la paire de ciseaux transmise par la jeune femme avec laquelle il frappe mortellement son agresseur. Sur le point d'appeler la police au téléphone, Wanley y renonce finalement et convient avec sa complice de se débarrasser du corps.
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"If you'd confess, Professor, we could wrap this whole case up before noon." Tourné entre avril et juin 1944, The Woman in the Window décrit avec un brio inusité les affres de la culpabilité, d'autant plus vive que la légitimité du crime ne peut, a priori, pas être contestée. Et, surtout, que son auteur est invité à devenir un témoin privilégié... de sa résolution. Difficile de ne pas éprouver de l'empathie pour ce quinquagénaire poussé malgré lui à réveiller (en tout bien, tout honneur) "l'homme mort" qui sommeille en lui puis tenter de sortir du cauchemar qu'il a provoqué par son inconséquence. Le scénario et les dialogues de Nunnally Johnson(2) sont très aboutis ; la direction méticuleuse de Lang** n'appelle que les louanges. Les évidentes inflexions (incohérences et/ou coïncidences) narratives qu'apporte sciemment le cinéaste au récit originel prennent évidemment tout leur sens à la "lecture" du surprenant final qu'il a décidé de donner au film. Proches sur de nombreux points, The Woman in the Window(3) constitue aussi et enfin la figure symétrique de Scarlet Street qui lui succède.
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1. initialement intitulé "Once Off Guard".
2. collaborateurs non crédités du Moontide d'Archie Mayo.
3. dans le sillon duquel s'inscriront moins brillamment Human Desire du même réalisateur et Black Widow de Nunnally Johnson.

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