samedi 21 novembre 2009

Tyson


"... I refuse to loose."

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Le cinéma et la boxe entretiennent, au moins depuis le milieu des années 1910(1), une étroite et étrange relation de séduction. Peut-être parce, l'un comme l'autre spectaculaires, ils créent presque toujours une insolite proximité entre gloire et déchéance, entre le mythe et la pathétique réalité. Fictions, films biographiques ou documentaires ont ainsi été régulièrement produits sur ou autour du sujet, la contribution artistique et/ou historique de plusieurs d'entre eux ne faisant d'ailleurs, y compris auprès des profanes du "noble art", aucun doute. Parmi les figures emblématiques de la discipline, Mike Tyson occupe une place singulière. Tant par son insolente vitesse percutante sur le ring que par ses insensées pertes de contrôle en dehors. Succédant au documentaire de Barbara Kopple et au téléfilm d'Uli Edel notamment(2), le Tyson de James Toback s'en démarque en jouant sur un mode mineur (réputé) naturel.
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Comment retracer la vie et la carrière, en près de quatre-dix minutes (sur 30 heures de rushes) et sans la trahir, une personnalité aussi déroutante et controversée que Mike Tyson ? Rappelons, pour les néophytes, que l'individu tour à tour surnommé "Kid Dynamite" et "The Baddest Man on the Planet" reste à ce jour le plus jeune boxeur à avoir jamais remporté un titre mondial, le premier d'une série de sept(3), défendus neuf fois, dont l'un unifiait en 1989 les trois fédérations (IBF, WBA & WBC). James Toback, également natif de New York, qui connaît Tyson depuis 1975 et lui a offert des apparitions dans deux de ses films(4), a choisi la forme de l'entretien-confession. Celui-ci y évoque successivement son enfance, sa formation auprès Constantine 'Cus' D'Amato, sa dépendance quasi obsessionnelle vis-à-vis des femmes, le statut de champion, la célébrité et la défaite, ses mariages, l'accusation de viol, les condamnations et les détentions, la conversion à islam, la rébellion et les tatouages.
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"Le gens peuvent me juger, mais ils ne peuvent pas me comprendre". Paradoxale assertion au terme d'un documentaire destiné, a priori, sinon à rétablir une image jusque-là assez confuse, du moins à corriger la méprise dont il fait l'objet depuis près de vingt ans. Digne successeur, sur le plan sportif, des Jack Dempsey, Joe Louis, Rocky Marciano et Cassius Marcellus Clay Jr. alias Muhammad Ali, Mike Tyson possède un "palmarès civil" qu'aucun de ses prédécesseurs ne peut lui contester. Apte à l'autocritique, "Iron Mike" laisse aussi émerger sa sensibilité, sa vulnérabilité, moments les plus forts du film avec son sobre commentaire de deux de ses défaites. Quoique très dissemblable, Tyson mérite assurément d'encadrer, en compagnie du Muhammad Ali, the Greatest de William Klein, le Raging Bull de Scorsese dans la vidéothèque du cinéphile curieux et éclectique.
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1. voir complément à la critique.
2. et avant l'éventuel biopic, avec Jamie Foxx dans le rôle principal, évoqué en début d'année dernière.
3. vainqueur de 50 des 58 combats disputés, dont 44 par KO, contre cinq conquis par Muhammad Ali (51 victoires sur 61 combats dont 37 par KO) et défendus 19 fois.
4. Black and White en 1999 et When Will I Be Loved en 2004.

Complément à la critique : Cinéma et boxe (liste non exhaustive)

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