dimanche 1 novembre 2009

Sinon, oui


"Je dis pas que, parce qu'on y pense, ça arrive..."

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La vie pourrait (doit) être différente. Tel semble être le commun dénominateur d'au moins trois premiers longs métrages de fiction sélectionnés à la Quinzaine des réalisateurs 1997. Moe no suzaku de la Japonaise Naomi Kawase (récompensée par la "Caméra d'or"), Ma vie en rose* du Belge Alain Berliner, récit centré autour d'un petit garçon convaincu d'être une fille, et Sinon, oui de Claire Simon. Sous-titré "reconstitution d'une histoire vraie", ce drame aux faux accents de comédie s'inspire d'un phénomène de société (plus que d'un fait divers isolé) dont la presse se fait régulièrement l'écho sans véritablement tenter de l'analyser ou de le comprendre. Il est aussi le premier film de cinéma de Catherine Mendez, candidate au "Prix Michel Simon" 1998, à la carrière singulièrement épisodique.
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Arrivée nuitamment sur le parking de la station d'autoroute niçoise Trafic FM qui emploie son époux Alain, Magali Maupin percute légèrement un obstacle avec son véhicule dépourvu d'éclairage. M. Lemeur, responsable du personnel, s'inquiète de son état, notamment de l'incidence du choc sur son éventuelle grossesse. La jeune femme ne le contredit pas et l'accompagne aux urgences hospitalières. Un peu plus tard, à la sortie d'un match de football, Alain croise son patron M. Paul, lequel lui apprend le petit accident et sa future paternité, situation qui contrarie son projet d'expatriation professionnelle au Canada. Bien que les analyses sanguines infirment sa grossesse suggérée, Magali s'oppose d'abord à la volonté d'avortement de son mari puis finit par simuler la prégnation, y compris vis-à-vis de son père malade.
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Les raisons pour "tomber enceinte" sont innombrables, des moins bonnes et plus compliquées (espoir de garder un compagnon ou de préserver son couple...)** aux plus simples et meilleures (avoir un enfant, assumer une responsabilité essentielle). L'intérêt du scénario imaginé par Claire Simon, c'est que, tout en les confondant toutes un peu, il dévêt en quelque sorte son personnage central d'une claire motivation (susciter un intérêt, faire naître un espoir ou authentique désir d'enfant ?). En cloque (ou en balloune puisque le film est une coproduction franco-canadienne) sur un malentendu, par défaut pourrait-on dire, Magali s'engage, malgré ses timides tentatives de dénégation, dans le redoutable cercle vicieux du mensonge. Jusqu'à sa logique mais déraisonnable extrémité. Si, sur le plan narratif, la gestation paraît un peu longue, le soufflé ne retombe jamais vraiment. La cinéaste, intéressée par la manière dont les relations avec les autres nous définissent, parvient à maintenir notre attention en alerte. En particulier grâce à cet étrange va-et-vient entre un réalisme quasi documentaire (aidé en cela par le naturel de Catherine Mendez) et un traitement (une proximité) parfois presque lyrique. Certains personnages secondaires (les sœurs !) auraient néanmoins sans doute mérités d'être davantage développés.
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*"European Film Award" 1997 pour son scénario et "Golden Globes" 1998 du meilleur film étranger.
**comme celles de Bree Van De Kamp (Desperate Housewives, saison 4) ou de Thea Clayhill (Labor Pains).

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