mercredi 11 novembre 2009

Geliebte Clara (clara)


"... Celui qui me succédera."

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Depuis le début de sa carrière de réalisatrice, à l'aube des années 1970, Helma Sanders-Brahms a fait de son engagement féministe l'un des ressorts principaux de sa production filmique. Deutschland bleiche Mutter, son troisième long métrage de fiction pour le cinéma grâce auquel la native d'Ostfriesland a gagné une notoriété internationale, en constitue une parfaite illustration. Il n'était donc pas étonnant de la voir revenir à la baguette de ce biopic, à la très longue gestation, dédié à Clara Wiek Schumann, une des musiciennes les plus illustres de son temps et épouse passionnée ("Soleil noir" selon l'écrivain Chistian Wasselin) du plus romantique des compositeurs classiques. Geliebte Clara offrait également à Martina Gedeck un rôle très dissemblable de ceux que l'actrice avait récemment tenu avec succès*
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Le couple Schumann et leurs cinq enfants s'installent dans l'industrieuse Düsseldorf où Robert a accepté le poste de directeur de la musique de l'orchestre local. Victime de ses habituels et violents maux de tête, maladroit dans la conduite d'une formation orchestrale, le compositeur doit écourter sa première séance de travail avec les instrumentistes. Pour lui permettre de se consacrer à la composition de sa troisième symphonie dite "Rhénane", son épouse Clara propose et obtient de le suppléer malgré l'opposition de Tausch, l'un des deux responsables de l'orchestre. Au même moment, Johannes Brahms que les Schumann avaient croisé à Hambourg leur soumet à nouveau ses partitions. Promptement adopté par les enfants en raison de ses pitreries gymniques, Brahms est convié à occuper la chambre d'ami.
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Le drame d'Helma Sanders-Brahms n'est pas le premier à mettre en scène le trio Schumann-Brahms. Song of Love** de Clarence Brown, avec Katharine Hepburn dans le rôle principal, relatait déjà leur rencontre et leur singulière relation. Récit abrégé des six dernières années du compositeur de "Carnaval, op. 9" ou des "Kreisleriana, opus 16", Geliebte Clara ne parvient pourtant pas à nous éclairer sur ses intentions et sa réelle ambition. La reconnaissance des talents de compositrice, de virtuose et de chef d'orchestre chez Clara, la fusion passionnelle et musicale du couple Schumann (dont on peut mesurer l'intensité à la lecture de la correspondance qu'il a échangé avant leur mariage), l'ambiguïté des relations entre Robert, son épouse et Johannes Brahms s'entrecroisent sans produire ici de véritable effet symbiotique ou catalytique. Cela apparaît d'autant plus dommage qu'il existait matière à confronter plus intensément les hommes et les styles artistiques. Notamment en soulignant plus finement la forte originalité (modernité ?) de l'œuvre naissante du musicien hambourgeois. Un peu à l'image du Bride of the Wind de l'Australien Bruce Beresford, Geliebte Clara reste avec constance en-deçà du potentiel narratif du matériau choisi.
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*la cuisinière Martha Klein dans Bella Martha, l'actrice Christa-Maria Sieland dans Das Leben der Anderen ou la journaliste-activiste du RAF Ulrike Meinhof dans Der Baader Meinhof Komplex.
**on peut aussi citer l'oubliable Frühlingssinfonie avec Nastassja Kinski ou le téléfilm La musique de l'amour : Robert et Clara dans lequel Isabelle Carré interprétait cette dernière.




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