samedi 14 novembre 2009

Silver Lode (quatre étranges cavaliers)


"I'm playing a long shot."

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Ingénieur reconverti incidemment dans le cinéma, Joseph Aloysius Dwan appartient au club fermé des pionniers du Septième art étasunien au même titre que D.W. Griffith, Thomas H. Ince, Charles Chaplin ou Mack Sennett. Entre 1911 et 1929, ce natif de Toronto tourne trois cent soixante-cinq films muets dont plusieurs mettent en vedette Mary Pickford, Norma Talmadge, Gloria Swanson (Manhandled, Zaza) ou encore Douglas Fairbanks (Robin Hood). Après avoir dirigé Shirley Temple dans Heidi et John Wayne (Sands of Iwo Jima), le polyvalent Dwan entame à partir de 1953 une série de dix films produits par Benedict Bogeaus, partenaire notamment des deux acteurs principaux de The Diary of a Chambermaid adapté par Jean Renoir. Silver Lode, le premier d'entre eux, est un très bon western, justement évoqué par Martin Scorsese dans son Personal Journey Through American Movie.
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Des habitants de Silver Lode, petite localité qui s'apprête à fêter le 4 juillet, sont interpellés par un cavalier à la recherche de Dan Ballard. Renseigné, l'individu, accompagné par trois hommes et se présentant comme marshal fédéral, interrompt la cérémonie de mariage de Ballard avec Rose Evans, la fille de Zachary, le plus riche propriétaire de la ville. Muni d'un mandat d'arrêt pour meurtre et vol, Ned McCarty est chargé d'emmener le coupable à Discovery pour y être emprisonné. Pendant que Thad Taylor, un ami avocat de Ballard, essaie d'obtenir en vain du juge Cranston un sursis d'extradition, la plupart des concitoyens lui exprime sa solidarité en l'accompagnant chercher son cheval ; un groupe conduit par le shérif Wooley se forme pour l'escorter jusqu'en Californie, d'autres sont prêts si nécessaire à éliminer McCarty ou à aider Ballard à s'enfuir. Cranston convainc McCarty d'accorder à son prisonnier un délai de deux heures.
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Dernier scénario pour le cinéma, et assurément le meilleur, signé par Karen DeWolf (Nine Girls), Silver Lode ne peut cacher son étroite parenté narrative avec le High Noon de Fred Zinnemann, sorti deux ans auparavant. Le durable doute sur la culpabilité du personnage central associé à la persistance de la tension dramatique en font un des westerns les plus intéressants de cette période. Le basculement progressif de l'opinion sur la base d'une accusation apparemment fondée, renforcé par le brusque et surprenant contre-pied du milieu du métrage (fin de la seconde scène se déroulant dans l'écurie) est saisissant, métaphore explicite du maccarthysme* bientôt désavoué par les sénateurs. L'efficace réalisation d'Allan Dwan s'appuie également sur un casting solide. John Payne, déjà convaincant sous deux identités dans Kansas City Confidential, sait apporter à son interprétation cet indispensable soupçon d'ambiguïté face à Dan Duryea (Winchester '73) avec lequel il partageait l'affiche du très récent Rails Into Laramie. Ce dernier y retrouvait Lizabeth Scott, sa partenaire de Too Late for Tears. Silver Lode est aussi et enfin le dernier film de Dolores Moran**, second rôle dans To Have and Have Not.
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*la Black list, établie en 1948, comptait plus de trois cents noms en 1954.
**épouse de Benedict Bogeaus.



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