vendredi 6 novembre 2009

Les Bureaux de Dieu


"Vous êtes un cas ? Est-ce que vous pourriez ne pas être un cas ?"

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En 2006, le Mouvement Français pour le Planning Familial fêtait son jubilé. Un demi-siècle après la formulation très concrète d'une revendication, validée sur le plan légal par la "loi Veil" de 1975, la contraception et l'avortement feraient-ils encore débat en France (aux Etats-Unis, la question ne se pose même pas*) ? Sans doute, puisque deux mois après la sortie du film de Claire Simon, le gouvernement annonçait une baisse très significative des crédits alloués à l'association avant de finalement les reconduire. Sans pouvoir afficher, comme certains n'hésitent pas à le lui décerner, le label "intérêt public", Les Bureaux de Dieu contribue à sa manière au sujet.
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Au dernier étage d'un immeuble parisien, des conseillères reçoivent en entretien des femmes, plus ou moins jeunes et d'origines diverses, préoccupées par des problèmes de contraception, IVG ou avortement tardif. Anne, Denise, Marta, Milena et Yasmine tentent par le questionnement et le dialogue de s'assurer des motivations de leurs interlocutrices et de résoudre ces situations simples ou complexes. A leurs côtés, Emmanuelle et Pierre se forment à cette fonction si particulière et aux enjeux majeurs.
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Présenté (jamais deux sans trois !) à la Quinzaine des réalisateurs 2008, le dernier film en date de Claire Simon puise son matériau narratif dans la réalité des cas recueillis par la cinéaste entre 2000 et 2007 auprès de plusieurs Centres de Planification et d'Education Familiale. Fiction documentaire (plus que docu-fiction), Les Bureaux de Dieu s'affranchit des rigidités traditionnelles de ces genres : la dramatisation pour l'un, le découpage pour l'autre. Mais l'interprétation, si naturelle soit elle, par des acteurs connus (au masculin en raison de la présence de Michel Boujenah notamment) de personnages essentiels dont on ne sait presque rien biaise, affaiblit donc un peu le dispositif. Ni drame social ni acte militant (il n'est d'ailleurs pas "reconnu" comme tel par les animateurs des CPEF), le film possède néanmoins une vertu : témoigner du caractère encore bien précaire des droits fondamentaux des femmes.
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*voir le très bon documentaire Lake of Fire de Tony Kaye.

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