"I need to know who he is... And I need to know that it's him."
Depuis Se7en, les films de David Fincher sont attendus. Parfois même au tournant. Ce fut la cas pour Zodiac en février (et mai en France)
dernier puisqu'il constitue, à ce jour, la moins bonne performance
commerciale du réalisateur* depuis le début de sa carrière. Venant après
les médiocres versions de Tom Hanson et Alexander Bulkley, sorties respectivement en 1971 et 2005, cette production Paramount
de 65M$ consacrée au dossier criminel irrésolu de ce tueur en série ne
manquait pourtant pas a priori d'intérêt. Présenté en compétition à
Cannes cette année, Zodiac se cherche un peu, tout au long de ses plus de deux heures et demi, entre polar et thriller psychologiques.
Nuit du 4 juillet 1969, Vallejo (Californie). Darlene Ferrin est venu chercher Michael Mag
devant chez lui. L'affluence du drive-in où la jeune femme mariée
pensait enfin se restaurer lui fait préférer un parking désert de
Columbus. Un inquiétant véhicule noir rejoint bientôt celui du couple
illégitime avant de repartir tout aussi brusquement. Mais quelques
instants après, on peut l'entendre faire bruyamment demi-tour et venir
se garer derrière la voiture de Darlene. Le conducteur braque
sur celle-ci la lumière d'une lampe, s'avance et abat ses deux occupants
de plusieurs balles d'un Luger 9 mm. L'inconnu signale ensuite son
crime par un appel téléphonique à la police, en profitant pour
revendiquer un autre double meurtre, commis le jour de Noël précédent.
Quatre semaines plus tard, le rédacteur en chef du "San Francisco Chronicle", auquel collaborent le dessinateur Robert Graysmith et le reporter Paul Avery,
reçoit une lettre du probable serial killer. Celui-ci menace de
réaliser un carnage si le message codé joint au courrier n'est pas
publié en une du quotidien avant le "vandredi 1er août 1969". Dans une deuxième missive, le criminel se désigne sous le nom de "Zodiac".
Au vu de ce sixième film, David Fincher,
s'il possède un talent de cinéaste "atmosphérique" indéniable, pourrait
avoir perdu une partie de son punch. Certains apprécieront cette
maturité moins démonstrative, d'autres pas. Tiré de deux ouvrages signés
par le journaliste (et personnage principal) Robert Graysmith, Zodiac,
au-delà de l'enquête policière essayant de démasquer un insaisissable
tueur en série, ne partage pourtant que de rares points communs avec Se7en.
Très dialogué, le scénario s'attache cependant à développer, comme ce
dernier, la dimension psychologique des acteurs de ce très long mystère (juillet 1969-août 1991).
L'obsession, la détermination à rechercher une paradoxale cohérence à
des meurtres qui semblent tenir pour la plupart de la pure folie
compulsive, l'impérieuse nécessité d'une collaboration y font figure de
thèmes-clés et sont adroitement associés. Mais Zodiac est aussi et peut-être surtout, à travers une compilation de citations, un bien joli hommage au cinéma et aux années 1960-70**.
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*33M$ de recettes aux Etats-Unis, auxquels il faut ajouter les plus de 51M$ réalisés à l'étranger, contre 100M$ (+227M$) pour Seven et 96M$ (+100M$) pour Panic Room. En France, le film a été vu par un peu plus d'un million de spectateurs en cinq semaines.
**The Most Dangerous Game qui précède cette époque d'une quarantaine d'années côtoie en effet d'ostensibles références à Bullitt et à Dirty Harry. Sans compter les différentes affiches qui apparaissent dans plusieurs scènes du film.
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