lundi 12 novembre 2007

La France


"... Pas plus que le bruit du cœur."

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Lorsqu'il ne fait pas l'acteur (en autres pour Cédric Kahn, Eugène Green ou récemment Pierre Léon), Serge Bozon passe volontiers derrière la caméra. Présenté à la Quinzaine des réalisateurs cannoise cette année, La France, son troisième long métrage, tente en quelque sorte la synthèse narrative des deux précédents*, déroutant drame intimiste et musical sur fond de Première Guerre mondiale. Le réalisateur et sa scénariste Axelle Ropert, en faisant mine de nous intriguer, semblent en réalité prendre plaisir à nous égarer dans cette authentique "histoire à dormir debout" qui succède au Dernier des fous au palmarès du "Prix Jean Vigo".
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Epouse de soldat au front, Camille Robin reçoit de son mari François une lettre de rupture datée du 15 mai 1917. La jeune femme décide de partir à sa recherche. Pour cela, elle sacrifie sa chevelure et revêt des vêtements masculins. Elle ne tarde pas à croiser un peloton de la 12e garnison du 80e régiment en route vers le front. Malgré le refus catégorique du lieutenant qui commande ce petit détachement de l'emmener avec eux, Camille parvient, au risque de sa vie, à intégrer ce groupe de militaires musiciens en espérant obtenir tôt ou tard des informations sur le sort du 30e régiment d'infanterie auquel appartient François.
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S'il partage le même contexte historico-narratif, La France, dont le titre n'est pas le seul élément énigmatique, constitue à sa manière une forme d'antithèse de la superproduction franco-étasunienne Un Long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet**. Pour le résumer par une formule, on hésite entre road-movie "poilu" et musical ou épopée triste. Il y a, en effet, comme une inspiration de chanson de geste prise à contre-pied dans ce film de Serge Bozon, une connotation médiévale renforcée par la séquence des lanciers allemands. Au milieu de décors presque exclusivement naturels, le cinéaste se départit d'ailleurs volontairement de tout réalisme, au risque de figer son récit dans une tonalité purement artificielle. Et de ne pas réussir à boucler son ellipse aux références mythologiques et utopiques.
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*L'Amitié relatait la "destinée sentimentale" d'une femme qui cherchait à revoir un de ses anciens amants ; dans Mods, deux militaires étaient amenés à faire, en chansons, diverses rencontres.
**et, dans une certaine mesure, du classique hollywoodien I Was a Male War Bride d'Howard Hawks !

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