"Comment t'expliquer ?"
... C'est un peu la difficulté avec les deux premiers volets de la série initiée en 2004 par Timur Bekmambetov et inspirée de l'actuelle pentalogie de science-fiction de son compatriote kazakh, le prolifique Sergei Lukyanenko. Premier blockbuster russe de l'ère post-soviétique, Nochnoy dozor
avait joué sur un évident et indéniable effet de surprise. Dénué de cet
atout, et même s'il constitue à ce jour le plus grand succès commercial
dans son pays avec près d'un milliard de roubles de recettes, Dnevnoy dozor
impressionne toujours mais ne convainc pas tout à fait. Le film, ni
véritable suite au précédent ni même adaptation du roman éponyme paru en
2000, conserve en effet un peu trop ostensiblement les "stigmates" du
passé publicitaire du réalisateur et une mécanique narrative et visuelle
habituellement plutôt associée au jeu vidéo.
Depuis
1342, une trêve est conclue entre les forces antagonistes de l'Ombre et
de la Lumière. Pour la faire respecter, les deux camps font appel à des
individus aux pouvoirs surnaturels, les Autres. A Moscou, de nos jours, l'un d'entre eux, Anton Gorodetsky et la jeune recrue Svetlana sont appelé sur les lieux d'une agression commise par Ygor, le propre fils disparu d'Anton,
associé aux forces du Mal parce que son père aurait jadis souhaité sa
mort. Pour réparer son erreur et éviter une interruption de la trêve, Anton part à la recherche de l'antique et mythique "Craie du destin". Mais sa quête est compliquée par la convoitise de ses ennemis l'accusant injustement d'un meurtre.
A travers son (d)étonnant mélange de kitsch et de modernité, Dnevnoy dozor
fait la démonstration d'une énergie inusitée, y compris dans le cinéma
d'action étasunien. C'est à croire qu'il n'existe aucune limite à
l'imagination créative de Timur Bekmambetov.
Ou, pour l'exprimer autrement, celui-ci semble vouloir tester l'étendu
de son inventivité, quelque peu délirante, en usant de tout ce que la
technique filmique permet aujourd'hui. Excessif, complexe, parfois
artificiel, il faut toutefois reconnaître que le film réussit
étrangement à nous entraîner dans sa spirale techno-baroque (et gothico-metalrock !), pour peu que nous ne lui opposions pas de résistance trop... violemment cartésienne. Si vous avez vu Nochnoy dozor, la curiosité vous poussera sans doute à savoir si le "Jour porte conseil".
Dans le cas contraire, autorisez-vous cette déroutante expérience et
soyez d'emblée rassurés : contrairement à ce que certains affirment, il
n'est pas nécessaire d'avoir vu le premier volet pour être happé par
celui-ci.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire