"Tu marches vers ton avenir. Pourquoi me retenir dans le passé ?"
Avec Ru guo · Ai, présenté hors compétition à la Mostra 2005 et au Festival du film asiatique de Deauville 2006, Peter Ho-sun Chan
apporte une nouvelle pierre à l'édifice qu'il consacre au drame
romantique, abordé également sous l'angle fantastique*. Ce nouvel opus,
sorti discrètement il y a un an en France, n'en constitue pas pour
autant la clé de voute, surtout comparé aux Seung sing gusi et Tian mi mi mettant Maggie Cheung en vedette, tous deux inédits chez nous. Vingt ans après le Shang Hai zhi yen de Tsui Hark, Peter Chan rend un hommage appuyé au huangmei diao (comédie musicale chinoise), un genre principalement produit par la Shaw à la fin des années 1950**. Grand succès dans les trois Chine, le film y a obtenu plusieurs prix.
L'acteur hongkongais Lin Jian-dong est l'une des vedettes de la comédie musicale tournée à Shanghai par Nie Wen. Il a pour partenaire la star Sun Na,
maîtresse depuis plusieurs années du cinéaste. Les deux jeunes gens
s'étaient rencontrés, dix ans auparavant, à Pékin. Lui, alors étudiant,
voulait devenir réalisateur. Elle, danseuse de cabaret vivant très
pauvrement, espérait être un jour actrice. Ils s'aiment platoniquement
jusqu'au jour où Sun accepte de vivre avec un réalisateur étasunien en production en Chine. Aujourd'hui, Sun clame qu'elle n'a rien à voir avec le "Petit singe" qui a fugitivement partagé la vie de Lin.
Peter Chan possède d'indéniables qualités de mise en scène, ceux qui connaissent ses films peuvent en attester. Ru guo · Ai le démontre à nouveau. Mais l'emphase avec lequel il est réalisé, la langueur de son rythme, rappelant parfois celles du Moulin Rouge de Baz Luhrmann,
ses ellipses poétiques un peu trop prononcées l'empêchent d'atteindre
le niveau auquel il aurait pu prétendre. Le scénario, qui mêle
doublement réalité et fiction, passé et présent, souvenirs et oubli,
amour et trahison, n'est pas directement en cause, pas plus d'ailleurs
que l'interprétation d'acteurs composant un authentique et réjouissant
melting pot asiatique. Le film reste globalement en retrait par rapport à
celui signé par Tsui Hark qui conserve son statut de référence locale du genre.
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*voir son excellent segment dans le triptyque San geng.
**dont la mode avait été lancé notamment grâce à Jiang shan mei ren de Li Han-hsiang.
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