samedi 24 novembre 2007

Jin-Rô (jin-roh, la brigade des loups)


"... Les histoires d'animaux qui rencontrent des hommes finissent toujours mal."

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Unique réalisation à ce jour de l'animateur Hiroyuki Okiura Metoroporisu)*, Jin-Rô est avant tout l'œuvre de Mamoru Oshii. Avec cette production, l'initiateur de la série Urusei Yatsura et du diptyque Kôkaku kidôtai donne un prolongement en animation traditionnelle à ses deux films classiques intitulés Jigoku no banken. A partir d'un scénario mélancolique, voire dépressif et uchronique, mêlant intrigue policière, imaginaire poético-infantile, romance et convulsions violentes, Jin-Rô se situe dans une veine artistique bien différente de celle des réalisations d'Isao Takahata ou de Hayao Miyazaki, les fondateurs du célèbre studio Ghibli. Plusieurs prix ont récompensé ce film plutôt réservé à un public averti en raison de ses quelques scènes meurtrières, notamment au Canada (Fant-asia Film Festival) et au Portugal (Fantasporto).
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La difficile reconstruction du Japon d'après-guerre s'accompagne d'une forte misère sociale. Une rébellion violente des sans espoirs s'organise, bientôt renforcée par l'interdiction de l'opposition politique obligée d'entrer en clandestinité sous le nom de "la Secte". Plutôt que de confier le rétablissement l'ordre public menacé à la police ou à l'armée susceptibles de le renverser, le pouvoir préfère constituer une puissante milice d'élite répressive, la Police de Sécurité Métropolitaine (POSEM). Pendant la manifestation du 9 février, des explosifs sont utilisés pour la première fois par les rebelles.
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Un groupe de ces derniers s'enfuit en utilisant le réseau d'égouts, pris en chasse puis mitraillé par des hommes de la section d'assaut de l'Unité Panzer appartenant à la POSEM. Ceux-ci poursuivent également une jeune fille chargée d'acheminer une bombe. Lorsque l'un d'entre eux, Kazuki Fusé, la rejoint, il hésite à tirer, permettant à celle qui lui fait face de déclencher son terrible engin. La commission d'enquêtes internes désignée à la suite de cette échec démet Fusé de son poste. Grâce à Henmi, un ancien de l'Unité Panzer, le policier apprend l'identité de la victime de la bombe. En se rendant à l'endroit où sont conservées les cendres de Nanami Agawa, Fusé croit voir la défunte. La créature en question se présente à lui comme la sœur aînée de la jeune kamikaze.
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Jin-Rô est tout à la fois une parabole sur ce qu'aurait pu devenir le Japon, troisième pilier de l'Axe nationaliste des années 1930-40, après la Seconde Guerre mondiale et une reprise modernisée du conte de la tradition populaire remontant au XIe siècle, "Le Petit Chaperon rouge"**. Il n'est en effet pas anodin d'y noter la présence de la populaire Volkswagen (conçue par Hitler et construite dès 1939 par Ferdinand Porsche) et d'armes de poing ressemblant furieusement à des Luger. L'histoire imaginée Mamoru Oshii, machinations imbriquées qui ne laissent quasiment aucune place au hasard, surprend par ses lenteurs et ses accélérations, y compris d'ailleurs sur le plan graphique, par son caractère contemplatif et vaporeux et ses brutaux accès de violence. Incontestablement une œuvre significative au sein du cinéma d'animation japonais de ces vingt dernières années.
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*auteur toutefois de la scène d'ouverture de Cowboy Bebop.
**dont le Français Charles Perrault a donné, rappelons-le, la plus ancienne version écrite, suivi notamment par celle des frères Grimm en Allemagne.

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