vendredi 16 novembre 2007

Angel


"Désirer, désirer, désirer encore... et en faire une réalité."

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Les cinéastes français prenant le risque de s'affranchir des catégories habituelles ou conventionnelles où ils se rangent ou sont rangés restent finalement assez rares. François Ozon est de ceux-là. Après nous avoir surpris en 2002 avec son intrigante comédie musicale 8 femmes, il récidive en produisant ce classique mélodrame romanesque librement adapté d'un ouvrage, publié en 1957, de l'auteure britannique Elizabeth Taylor. Ce pur et ostensible exercice de style souligne également, de façon encore plus nette, l'admiration vouée à Douglas Sirk par Ozon, une filiation évoquée avec justesse par l'écrivain étasunien Sam Staggs. C'est d'ailleurs à ce titre, plus qu'à tout autre, que le film de clôture de la dernière édition de la Berlinale mérite toute notre attention cinéphilique.
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Au lieu d'aller à l'école, Angel Deverell préfère simuler la maladie afin de poursuivre l'écriture de son livre "Lady Irania" ou rêver à la grille de la belle propriété baptisée "Paradise House" dans laquelle sert sa tante Lottie. Cette attitude désinvolte provoque le désarroi et l'inquiétude de sa mère, veuve et épicière dans la petite ville de Noley. Jusqu'au jour où la jeune femme est invitée à rencontrer Theo Gilbright, un éditeur londonien envisageant sérieusement de publier son roman sentimental malgré l'avis moins favorable de son épouse Hermione. En ce début de XXe siècle, le public féminin lui réserve très vite, ainsi qu'aux suivants, un inattendu et vif succès. Au cours de la réception qui suit une très applaudie adaptation théâtrale de "Lady Irania", Angel reçoit l'ardent hommage de l'une de ses plus ferventes admiratrices, Nora Howe-Nevinson, faisant aussi à cette occasion la connaissance du frère de celle-ci, le séduisant et peintre méconnu Esmé. Sur la route qui les ramène à Noley, Angel demande à Theo de s'arrêter devant "Paradise House", mis en vente. Grâce à ses confortables droits d'auteurs, Angel se porte acquéreur de la demeure tant aimée.
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Hommage non dissimulé au cinéma(scope) des années 1930-1950, celui des Victor Fleming ou William Wyler par exemple, le "too much" Angel est un spectaculaire exercice de stylisation, modernisant les codes du mélodrame vécu par un personnage féminin romanesque. Plus qu'au récent Miss Potter, ce récit d'une existence de "tragédienne", vaguement inspirée par celle de la romancière Marie Corelli, rappelle quelque peu L'Histoire d'Adèle H., autre tentative d'une jeune femme égocentrique et excessive de vivre ses rêves. Aux côtés de la surprenante et omniprésente Romola Garai, actrice principale de la série Mary Bryant aperçue également dans le Scoop de Woody Allen, soulignons les prestations de Lucy Russell, de Sam Neill et, bien sûr, de Charlotte Rampling.

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