dimanche 25 novembre 2007

Les Chansons d'amour


"Les deux ? Mais pas ensemble !?"

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Alain Resnais a attendu la fin des années 1990 pour s'essayer, avec On connaît la chanson, au film musical (plus qu'à la comédie du même nom)*. François Truffaut ne s'y est jamais risqué. Christophe Honoré, dont le précédent film et le couple qu'il forme avec Louis Garrel rappellent par certains aspects Domicile conjugal et le duo Truffaut-Jean-Pierre Léaud, n'a pas hésité à s'y lancer dès son quatrième film. Très précisément la position occupée par Les Parapluies de Cherbourg dans la filmographie de Jacques Demy, réalisateur volontiers cité par le très parisien (quoique né dans le Finistère) dramaturge et cinéaste. Les Chansons d'amour lui permettait aussi de retourner à Cannes, cinq ans après la présentation de 17 fois Cécile Cassard dans la section "Un Certain regard", et d'y représenter la France en sélection officielle pour la "Palme d'or"**.
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Vivant ensemble depuis plusieurs années, Julie et Ismaël apprécient de jouer leur liaison sur le mode "je t'aime, moi non plus". Celui-ci, secrétaire de rédaction dans un journal, rentre souvent fort tard, obligeant sa compagne à aller seule au cinéma. Il entretient également avec sa collègue Alice une relation de séduction ambiguë. Ce qui n'empêche pas cette dernière de partager le lit du couple, pour le grand plaisir de Julie. La mère de la jeune femme, apprenant cette inattendue combinaison à l'occasion de l'habituel déjeuner de famille, en reste profondément troublée. Lors d'une soirée dans une salle de spectacles, pendant qu'Alice flirte avec Gwendal, un garçon qu'elle vient de rencontrer, Julie est prise d'un soudain malaise.
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Tout en conservant les signes distinctifs du cinéma de Christophe Honoré, Les Chansons d'amour, comédie dramatique en trois actes***, séduit d'abord par ce mélange d'allègre légèreté et de solennelle gravité qui caractérise l'innocent marivaudage auquel se livrent les personnages (il n'est probablement pas anodin d'apercevoir au début du film les néons d'un théâtre où se joue "L'Importance d'être constant" d'Oscar Wilde). La sensation de dialogues écrits y est aussi moins prégnante que dans les précédents films du cinéaste. Dans 17 fois Cécile Cassard, il était déjà question du travail de deuil. La démarche entreprise ici est cependant bien différente, notamment grâce aux chansons d'Alex Beaupain, inflexion lyrique du récit lorsque la musique devient indispensable à l'expression des sentiments. Les personnages interprétés par Alice Butaud et Jean-Marie Winling auraient peut-être mérité plus de densité dans le scénario, modeste fausse note dans ce récital plutôt convainquant.
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*même si le court métrage Les Jardins de Paris daté de 1948 peut être considéré comme appartenant au genre et si La Vie est un roman (1983) contient de saisissantes parties chantées.
**également présent sur la Croisette en tant que co-scénariste d'Après lui de Gaël Morel, retenu à la "Quinzaine des réalisateurs".
***I. Le départ - II. L'absence - III. Le retour.

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