vendredi 25 février 2005

Les Gaous


"... Plus il reste, plus il s'expose."

C'est un peu ce que l'on se dit en regardant le premier film, en tant que réalisateur, d'Igor Sekulic, alias Igor Sk, le producteur du Ma femme... s'appelle Maurice de Jean-Marie Poiré. Echange de bons procédés (les deux hommes sont associés au sein de la société de production Comédie Star), celui-ci apporte l'idée des Gaous. L'idée, me direz-vous ? Parce qu'il y a une idée dans cette comédie "au bon goût bien de chez nous" ? Et on peut, également, légitimement se demander qu'elle est celle qui a traversé l'esprit des membres du jury du Festival international du cinéma pour la jeunesse 2004 pour lui décerner le prix de la meilleure comédie. Le public, lui, ne s'est pas trompé qui lui a nettement préféré L'Américain de Patrick Timsit, sorti la même semaine. Entre deux maux, il convient de choisir le moindre. Quoique, dans ce cas précis, il y a match... nul !
Maurice, un jeune commis, pas encore déniaisé mais qui sait parler aux animaux, d'une exploitation agricole de Dordogne, s'enamoure de Julie, une parisienne stressée venue passer un week end "chez les bouseux", comme le dit son petit ami Guillaume. Le soir même, Maurice emprunte, sans autorisation, la voiture personnelle de son patron, François Bricard, pour aller, avec son ami Benoît, coiffeur de son état, faire l'animation musicale d'un bal d'une commune des environs. Il y retrouve le couple de la capitale et Guillaume, éméché, déclenche une bagarre dans laquelle il ne prend pas le dessus. En quittant l'endroit, il défonce gravement le véhicule de Bricard. Maurice et Benoît décident de faire le voyage de Paris, principalement pour récupérer l'argent destiné à réparer les dégâts. Mais les deux provinciaux ont, chacun, une autre idée en tête. Le premier veut retrouver et séduire Julie, le second rêve d'entrer dans le show business. Les gaous vont aussi croiser Philippe Bricard, leur ami du village monté à Paris prétendument pour y faire des études de médecine, en réalité, inscrit dans un cours de théâtre.
Y a-t-il une fatalité à produire, en France (Les Gaous est une coproduction européenne) des comédies aussi imbéciles que la plupart de celles qui naissent aux Etats-Unis ? Et, plus graves, sont-elles le reflet de la génération à laquelle elles sont destinées ? Il est vrai que les contre-exemples sont plutôt rares : sans être exhaustif, L'Auberge espagnole en 2002, Moi César... en 2003 et Podium l'année dernière. Concernant le film de Sekulic, que peut-on sauver ? Ni le scénario, d'une platitude exaspérante mais avec de vrais morceaux de vulgarité dedans, ni la réalisation, dont le patron doit être celui des clips, ni la photographie, tellement hétérogène qu'elle laisse supposer qu'au moins sept ou huit directeurs se sont succédés derrière la caméra et à la gestion des lumières, ni l'interprétation des acteurs et invités de marque (dont une ex Miss France à la participation, certains s'en réjouiront, purement décorative) venus parrainer le premier né Sk, à l'exception de celle de Richard Bohringer, très sobre et maîtrisée. Juste, peut-être, un rythme et une énergie. Cela fait peu... pour près de sept millions d'euros ! 

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