"C'est vraiment le niveau zéro !"
Presque ! La courbe qualitative des films de Patrick Timsit réalisateur suit une dérivée inquiétante. Si l'adaptation détournée de l'œuvre de Victor Hugo, Quasimodo d'El Paris avait réussi à surprendre, plutôt positivement, le public, Quelqu'un de bien ne devait probablement son succès qu'à la présence de José Garcia, alors en pleine ascension. Avec L'Américain, on frôle de près le crash-landing (en français dans le texte).
Son échec en salles, l'été dernier, n'est pas un hasard. Comédie sans
humour, vulgaire, truffée de poncifs navrants, même pris au second
degré, le troisième film de l'ancien comique de café-théâtre est un
patchwork hétéroclite sans relief.
Le jeune Francis Farge, dit l'Américain (Lorànt Deutsch)
essaie, une nouvelle fois, de réaliser son rêve : devenir citoyen
américain. Mais ses multiples déclarations et gages d'amour pour le pays
de l'Oncle Sam laissent indifférents, voire indisposent, le personnel
de l'ambassade où il se rend régulièrement. Comble de malchance, Nelly (Émilie Dequenne), son épouse dont il est séparé, a pris pour petit ami Rick (Paolo Seganti), un authentique ressortissant US. Elle va pouvoir, s'il accepte le divorce, devenir américaine avant lui. Farge fait alors appel à Edouard 'Eddy' Barnier (Thierry Lhermitte),
un avocat croisé fortuitement dans le bureau d'une attachée
d'ambassade, lequel, d'abord réticent, va accepter le délicat défi pour
gagner un pari avec ses associés. Son idée est simple : faire du
lotissement de Sarcelles, "les Merlettes", où réside Farge, le cinquante-et-unième état de l'Union.
Très partiellement autobiographique, l'idée centrale de L'Américain devait initialement être utilisée pour un sketch de Patrick Timsit
sur scène. On ne sait pas pourquoi le projet fut, à l'époque,
abandonné, mais on aurait souhaité que les mêmes raisons produisent les
mêmes effets pour son passage au cinéma. Film sans consistance, qui se
moque, gentiment mais sans un soupçon de finesse, tout à la fois des
américains, des français et de José Bové, L'Américain est une farce délirante qui s'essouffle (pour peu qu'elle en ait eut, du souffle)
au bout de la première demi-heure. Le scénario doit alors accoucher, au
forceps, de la matière narrative et des rebondissements qui ne font
qu'ajouter à la confusion initiale. Parmi ceux-ci, le test de contrôle
d'"américanogénie" qui permet au réalisateur de faire une courte
apparition. Le film réussit le tour de force de rendre ses acteurs
maladroits et insignifiants. Le vieux complice Thierry Lhermitte (lui et Timsit ont partagé l'affiche de quatre longs métrages depuis Un Indien dans la ville en 1994) offre, lorsqu'il ne s'essaie pas à la comédie musicale, une prestation mécanique simpliste, ponctuant ses phrases d'un "Aidez-moi" qui ressemble à un appel au secours. Et Lorànt Deutsch, dont le nom a été suggéré par son partenaire de Ripoux 3*, n'arrive pas à sauver le film malgré son énergie et sa bonne humeur. A la vision de L'Américain, il semble ne rien rester du talent de scénariste (et d'acteur) de Timsit entrevu dans Pédale douce. Dommage.
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*Timsit, Lhermitte et Deutsch se sont croisés sur le consternant Les Clefs de bagnole... Un signe ?
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