"... Mais après, elle le regrette diablement."
Entre ses œuvres d'animation et son cinéma érotique, le réalisateur polonais Walerian Borowczyk, installé en France au début des années 1960, tourne deux longs métrages, deux histoires insolites et cruelles, Goto, l'île d'amour et Blanche, souvent considérés comme ses meilleurs films. Le premier, produit par René Thévenet, auquel on devait notamment Les Collégiennes d'André Hunebelle et Jeu de massacre d'Alain Jessua, est particulièrement déconcertant, quelque part entre l'univers de Kafka et celui du "Woyzeck" de Georg Büchner. Le film a reçu le "Prix Georges Sadoul" 1968.
Depuis
le tragique séisme qui l'a, dans la nuit du 12 janvier 1887, presque en
totalité englouti, l'île de Goto est gouvernée par la monarchie
éponyme, actuellement par son troisième représentant. L'épouse de ce
dernier, Glossia, espère fuir cet espace clos, insensé et méprisable avec son amant et instructeur d'équitation, le lieutenant Gono. Goto III, puis Grozo,
un prisonnier gracié et chargé de l'entretien du chenil et des
chaussures de sa majesté ainsi que de la chasse aux mouches, vont
contrecarrer tragiquement ses plans.
Goto, l'île d'amour,
qui mêle humour noir, surréalisme et un soupçon de sensualité, assure
une parfaite et étonnante transition entre les deux époques, déjà
évoquées, les plus connues de Boro.
Histoire d'amour et de pouvoir tragi-comique, aux influences à la fois
germano-slave et latine, le film surprend par sa mise en scène
originale, utilisant volontiers un certain symbolisme, son montage
souvent déroutant, l'incorporation sporadique, dans un métrage en noir
et blanc, de quelques images en couleur ou encore l'utilisation d'une œuvre solennelle de Haendel comme bande originale. Le titre, lui-même,
est une fausse piste puisque, sur Goto, l'amour est largement supplanté
par le complot, l'absurde et, parfois, le ridicule, comme le suggèrent
également les noms de clown des personnages. Une œuvre à découvrir ou à
redécouvrir dans la filmographie de Borowczyk.
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