mercredi 9 février 2005

León y Olvido (léon et olvido)


"Seule la famille compte."

León y Olvido est le troisième long métrage du réalisateur espagnol Xavier Bermúdez. Tourné à partir d'un scénario original, le film trouve ses origines narratives dans l'expérience même du cinéaste, son amitié avec un voisin souffrant du syndrome de Down et son travail de reportage pour la télévision dans une école spécialisée pour les enfants souffrant de défaillances psychiques. A partir d'un sujet apparent réputé difficile, Bermúdez a réussi a composer une œuvre à la fois grave et légère, sensible et drôle.
León (Guillem Jiménez) et Olvido (Marta Larralde) sont jumeaux et orphelins. León est trisomique 21. Son placement dans plusieurs établissements spécialisés a été une série d'échecs. Car le jeune homme ne conçoit de vivre qu'avec sa sœur qu'il vénère. Celle-ci, employée précaire dans une fabrique de vêtements, ne rêve que d'indépendance et de liberté. Devoir héberger et s'occuper de son frère est, même si elle a de l'affection et de la tendresse pour lui, un supplice. Tout en essayant de le rendre autonome, elle tente à plusieurs reprises de tuer Léon, lequel ne lui en tient pas rigueur. Car, entre Iván, son amant pitoyable et Damián, un patron concupiscent et mal intentionné, Léon reste le seul être qui l'aime véritablement.
Loin du cinéma formaté et convenu, León y Olvido est un film d'une grande simplicité, sans prétention intellectuelle ni parti pris esthétique, mais qui séduit. Il développe, pour l'essentiel, les thèmes de la fraternité, de la différence et, surtout, de l'amour. Ou plutôt du désamour puisque les deux personnages sont des mal-aimés. Le personnage d'Olvido (un prénom à la sonorité étrangement masculine qui, en outre, signifie la perte de mémoire) est presque plus complexe et dramatique que celui de Léon. Bien que le film de Xavier Bermúdez soit moins ambitieux sur le plan technique et stylistique, on pense inévitablement au Huitième jour de Jaco Van Dormael. León y Olvido, pourtant très écrit, s'en démarque par sa spontanéité presque documentaire. Le duo d'acteurs principaux est un des atouts majeurs du film. Marta Larralde, aperçue dans Mar adentro, possède l'étoffe d'une grande actrice*, Guillem Jiménez, pour son premier film, est très convaincant et le "couple" fonctionne plutôt bien.
___
*on a hâte de la voir dans la comédie qui sort très bientôt en Espagne.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire