"... Par l'étrangeté qu'il dégage."
Le deuxième volet de la trilogie du sabre, toujours adapté d'un roman de Renzaburo Shibata, sort un an après Kiru. Si sa thématique s'inscrit dans la lignée de ce dernier, Ken ki est, lui, un authentique chambara aux résonances fantastiques, dont s'inspirera probablement Kihachi Okamoto pour son Dai-bosatsu tôge, trois ans plus tard. De facture plus classique, le film est, toutefois, fidèle à l'empreinte, notamment tonale et visuelle, de son créateur, Kenji Misumi.
Kin, la première suivante de Dame Maki,
meurt en laissant un nourrisson dont on ignore le père. Certains
prétendent même qu'il aurait été engendré par le chien donné, sur son
lit de mort, par la démente patronne de Kin. L'enfant, baptisé Hanpei ("le tacheté")
en référence à la robe du chien en question, est confié à un pauvre
vassal de Shinano, la région d'origine de sa mère. Sur son lit de mort,
son beau-père, vingt-trois ans plus tard, exprime le vœu que son fils
acquiert un art qui lui permette de s'extraire de sa modeste condition
et de sa triste réputation. Convoqué au château, Hanpei devient, grâce à ses talents reconnus, le jardinier du suzerain, le fils gagné lui aussi par la folie de Dame Maki. On découvre, peu après, qu'il est capable de courir plus vite qu'un cheval au galop. Hanpei rencontre bientôt Daigo Yaichiro,
un samouraï vagabond, dont il devient l'élève en l'observant manier son
sabre pendant un an. La folie de plus en plus visible du suzerain
faisant courir le risque d'un démantèlement du clan, ses proches
conseillers engagent Hanpei pour éliminer les espions envoyés
par le Shogun, puis les vassaux décidés à demander à Edo son abdication
en faveur de son neveu Endo. Le nouveau tueur, pour mener à bien sa mission, trouve dans un temple "Azamaru", un sabre maudit ayant appartenu à Odara, un bandit particulièrement sanguinaire.
Ken ki,
toujours remarquablement mis en scène et raffiné sur le plan graphique,
est néanmoins plus symbolique et moins abouti esthétiquement que son
prédécesseur dans la trilogie. Comme dans celui-ci, le récit repose sur
le destin né d'une parenté mystérieuse, en tout cas mal définie,
peut-être contre-nature du personnage central. Les pouvoirs
extraordinaires dont il est doté et son ambivalence, innocent amoureux
de la nature et tueur implacable, semblent même attester la thèse d'une
origine équivoque. Le film est assez proche d'un opus de Zatôichi, mais avec un héros qui appartiendrait, lui, au "côté obscur de la force". Nouvelle belle prestation de Raizô Ichikawa dans un rôle moins positif, plus difficile que celui de Shingo.
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