samedi 13 octobre 2007

The Haunting (la maison du diable)


"Ne me demandez pas de donner un nom à quelque chose qui n'en a pas."

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Avant d'être réalisateur, Robert Wise était monteur à la RKO, notamment sur les films de Fred Astaire et d'Orson Welles. C'est un peu par hasard qu'il est amené à passer derrière la caméra, en suppléant Gunther von Fritsch sur le tournage de The Curse of the Cat People, une sequel du film de Tourneur. Engagé par le producteur Val Lewton pour son cycle de films d'épouvante, il réalisera dès 1945 The Body Snatcher avec Boris Karloff et Bela Lugosi à partir d'un roman de Robert Louis Stevenson. C'est un autre roman, celui de Shirley Jackson, qui lui inspirera The Haunting avec lequel il retrouve le genre qu'il l'a fait débuter.
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Un anthropologue convie, dans une maison isolée et réputée hantée nommée Hill House, plusieurs personnes choisies pour leur expérience réelle ou supposée avec le paranormal. Deux femmes répondent à l'invitation. Le scientifique est, quant à lui, accompagné par le futur héritier des lieux, un jeune homme rationnel et non conventionnel. Les quatre acteurs-témoins vont rapidement être confrontés à des phénomènes étranges et inquiétants qui se déroulent toujours la nuit. Une présence inconnue se manifeste, sans que l'on puisse en expliquer les raisons et le dessein.
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Doté d'un budget plutôt étroit (1,4M$), The Haunting est un film d'atmosphère, à la jonction du thriller, du fantastique et du film d'horreur. Plus proche de Psycho que de The Exorcist, tout est suggéré plus que montré. Il s'agit d'un double huis-clos : Hill House et l'esprit du personnage principal, Eleanor Lance. Le récit alterne, en effet, entre l'expérience collectif vécu par le groupe et les pensées de la jeune femme qui, après avoir révélé la personnalité propre de la demeure, s'identifie peu à peu à sa propriétaire et victime. La maîtrise narrative et visuelle de l'ancien monteur est manifeste. Le rythme est remarquablement géré, avec un crescendo efficace. La cinématographie, dans un environnement baroque et confus, est remarquable. Les éclairages, les reflets, les déformations de l'image, plongées et contre-plongées, des angles inhabituels, le choix des optiques... tout concoure à rendre l'espace subtilement menaçant, porté par une bande-son percutante et une musique qui s'inspire de Bernard Herrmann. La force de Wise est de permettre au spectateur de conclure cette histoire comme il le souhaite : aucune apparition surnaturelle n'est à attendre et on peut très bien faire le choix de n'y voir qu'un drame psychologique plutôt qu'un conte fantastique.
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La belle Abra de East of Eden, Julie Harris est formidable dans sa progression psychotique. Elle porte littéralement le film sur ses épaules par la variété de son jeu et le trouble qu'elle y apporte. En la revoyant ici, on regrette qu'elle n'ait pas croisé la route d'un Alfred Hitchcock. La jeune Thereza de Limelight, Claire Bloom, dans un personnage ambigu, probablement homosexuel, vient faire contraste avec sa partenaire par la couleur de ses cheveux et son apparent équilibre psychologique. L'acteur de théâtre (qui deviendra Mr Kim Novak deux ans plus tard) Richard Johnson occupe là un de ses premiers rôles significatifs. Notons, pour l'anecdote, l'apparition de Lois Maxwell, l'éternelle Miss Moneypenny des James Bond.

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