jeudi 11 octobre 2007

La Charrette fantôme


"On finit toujours par se rencontrer... Quand on s'y attend le moins."

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Sorti en France (en guerre depuis un peu plus de cinq mois) près d'un an après La Fin du jour, La Charrette fantôme est la deuxième adaptation* de "Körkarlen", le roman paru en 1912 de l'écrivain suédoise Selma Lagerlöf, titulaire du prix Nobel de littérature 1909. Cette production, tournée presque intégralement dans les studios de Neuilly en mai-juin 1939, réunit une distribution prestigieuse. Outre Louis Jouvet, déjà casté dans le précédent film mais ici relativement peu présent à l'écran, y figurent en effet Pierre Fresnay avec lequel il avait partagé l'affiche de Mademoiselle Docteur de Georg Wilhelm Pabst, la comédienne de la Comédie-Française Marie Bell et Micheline Francey, future collaboratrice de la Continental. La Charrette fantôme était l'un des quatre films de la sélection française pour la toute première édition du Festival de Cannes, annulée en raison de l'entrée des troupes allemandes en Pologne le jour de son ouverture.
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C'est un Noël glacial que vont vivre les miséreux de cette localité du Nord. Parmi eux, les trois amis David Holm, Georges dit l'Etudiant en raison de son instruction et Gustave font la queue à la soupe populaire des Salutistes. Une vieille femme est la seule à se plaindre d'entendre un assourdissant grincement d'essieu de charrette. Georges se souvient avec inquiétude d'avoir lu un texte affirmant que ce bruit annonce la mort prochaine de celui qui l'écoute. Il ajoute que celui qui décède au douzième coup de minuit de la Saint-Sylvestre remplace pour un an le cocher de ce funeste attelage surnaturel. Après le repas, le trio s'en va boire quelques coups à la taverne habituelle grâce à la généreuse aumône d'une bourgeoise habilement sollicitée par Georges. Ce dernier vient en aide à David malmené par un autre soiffard, mais il est bientôt lâchement poignardé par celui-ci. David s'enfuit et se réfugie dans le nouveau local des Salutistes où il est reçu avec gentillesse par la jeune sœur Edith.
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Sans pouvoir rivaliser avec les qualités de La Fin du jour ou d'Un Carnet de bal, ce drame fantastique demeure intéressant par ses ambiances et les interprétations des acteurs. Les thèmes de la charité chrétienne et de la réparation ainsi que l'environnement salutiste font évidemment penser au film de René Lefèvre et Georges Lacombe, Les Musiciens du ciel, sorti en avril 1940 avec Michèle Morgan et Michel Simon dans les rôles principaux. Soulignons la présence de l'écrivain Alexandre Arnoux, auteur de scénarii pour Georg Wilhelm Pabst, aux dialogues et la belle photographie de Jules Kruger, collaborateur d'Abel Gance et de Raymond Bernard notamment. La Charrette fantôme donne en tous cas envie de (re)découvrir la première version muette.
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*le réalisateur suédois Victor Sjöström, également acteur du Smultronstället d'Ingmar Bergman, s'était mis en scène dans le rôle principal de la première en 1921.

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