"... Taper, fracasser, de toute ma rage."
Amateur de free fight, discipline dont la pratique et la diffusion télévisuelle sont interdites en France, le producteur Cédric Jimenez souhaitait depuis un certain temps déjà y consacrer un film. Le projet envisageait même de voir le rappeur dionysien de NTM JoeyStarr tenir le rôle principal et plusieurs réalisateurs, parmi lesquels Chris Nahon (Kiss of the Dragon), ont été pressentis pour le diriger. Second film(1) de Julien Seri après les Fils du vent, Scorpion
ne s'éloigne que fugitivement de son sujet principal, la baston, même
si les scènes de combat n'occupent finalement pas une place
prépondérante dans le métrage.
Elevé à la dure dans la banlieue nord de Paris, le marginal et violent Angelo ne vit que pour la boxe thaï. Lorsque le responsable de son club lui annonce qu'un autre membre, Patrick,
a été désigné pour disputer à sa place un championnat, il ne l'accepte
pas et frappe violemment son rival, réaction insensée motivant son
exclusion. Celui-ci, accompagné de deux complices, ne tarde pas à
essayer de se venger mais il décède sous la violence débridée des coups d'Angelo. Incarcéré pendant près de six ans, l'ex-boxeur est devenu une véritable loque humaine, fumeur et alcoolique. Son ami Moïse tente de l'aider et lui propose de l'accompagner dans la boîte de nuit de Marcus. Cet individu lié au milieu de la prostitution, qui a connu Angelo
avant son emprisonnement, envisage sérieusement de le convaincre de
reprendre la boxe et de participer pour son compte à des rencontres de
free fight clandestins. Dans l'établissement, Angelo croise la brune journaliste Léa, couverture de l'officier de police Elodie Auvain, et la blonde Virginie dont il s'éprend.
Tout à la fois film d'action, d'amour et polar, Scorpion peut indisposer par sa violence sanguine (à réserver à un public averti) mais, compte tenu de ses prescriptions initiales, ne déçoit pas réellement. Certes, le scénario signé par la cinéaste Sylvie Verheyde(2)
ne parvient jamais à nous surprendre vraiment, coincé dans l'espace
narratif un peu étroit, convenu qui est le sien et où les corps à corps
publics et intimes se succèdent. Scorpion boxe un peu dans la catégorie du Poids léger de Jean-Pierre Améris avec Nicolas Duvauchelle dont il n'est pourtant pas proche sur le plan cinématographique. Julien Seri
opte en effet pour une approche visuelle souvent graphique, voire
esthétisante. Les combats chorégraphiés par l'acteur et cascadeur Alain Figlarz (Nid de guêpes) sont en revanche moins convaincants et spectaculaires que ceux du Chok-Dee de Xavier Durringer par exemple. La prestation de Clovis Cornillac, récemment voué semble-t-il aux rôles de "sales bestioles"(3),
impressionne par ses exigences techniques et physiques, moins par sa
dimension suggestive. Enfin, l'entêtante bande originale, aux accents
orientaux, de Christian Henson, déjà à l'œuvre dans le précédent film de Julien Seri, est assez réussie.
___
1. Julien Seri a également dirigé les scènes d'action de Yamakasi.
2. auteur d'un téléfilm de combats nettement plus féminins !
3. il était quelques mois plus tôt "Le Serpent" lewisien pour Eric Barbier.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire