Septembre
1996. Près de cinq cents dockers de Liverpool licenciés luttent depuis
plus d'un an pour leur réintégration. Ces ouvriers, pour la plupart très
expérimentés, sont lock-outés et remplacés par une main d'œuvre
précaire non syndiquée. Un affrontement classique, dans le Royaume-Uni
libéral de John Major, l'ancien chancelier de l'échiquier de M. Thatcher
et son successeur au poste de premier ministre, "entre employeur
désireux d'embaucher et de licencier à leur guise et travailleurs
soucieux de la sécurité de l'emploi pour eux-mêmes et pour leur famille".
L'information est alors très peu relayée par les médias, les hommes
politiques préfèrent l'ignorer et les syndicats ne soutiennent pas
officiellement leurs adhérents.
Après un très didactique rappel historique sur les conditions de travail des dockers avant et après 1967, The Flickering Flame ("a story of contemporary morality")
revient sur l'abrogation par le gouvernement en 1989 du National Dock
Labour Scheme instauré en 1947 et l'échec de la grève consécutive. A
cette époque, le syndicat TGWU (Transport and General Workers Union)
avait en effet appelé à la reprise générale du travail et vaincu la
résistances des dockers de Liverpool, inquiets du probable retour au
travail précaire malgré les assurances du secrétaire à l'emploi Norman
Fowler. La société portuaire eut rapidement recours à des entreprises de
main d'œuvre qu'elle contrôlait indirectement, occasionnant une
réduction des deux tiers des salariés permanents, puis soumit les
ouvriers du terminal des conteneurs à un nouveau contrat de travail
nettement moins favorable. C'est dans ce contexte qu'intervient le
licenciement massif des dockers de Liverpool, à la suite d'un incident
survenu le 25 septembre 1995 chez Torside, une de ces entreprises
prétendument indépendantes.
Pour
pallier la carence médiatique sur ce sujet sensible, c'est à une
véritable enquête journalistique, intelligente et fouillée, que se livre
le réalisateur de A Question of Leadership
et son équipe en suivant les détours parfois ambigus, parfois complexes
de cette triste affaire sociale et, surtout humaine. Malgré le rôle
joué par les organisations internationales, la solidarité syndicale et
les dirigeants n'en ressortent pas grandis, pas plus que les hommes
politiques, conservateurs et travaillistes confondus.
(durée: 50'55)
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