dimanche 1 juillet 2007

Shinjû: Ten no amijima (double suicide à amijima)


"Le ciel me punit, mais pas ma femme."

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Récompensé par sept prix nationaux, dont deux décernés à son actrice principale, Shinjû: Ten no amijima est le troisième film produit en indépendant par Masahiro Shinoda après son départ de la Shochiku. Adaptation stylisée sur un mode ouvertement théâtral de la pièce de 1720 du dramaturge Monzaemon Chikamatsu, souvent présenté comme le Shakespeare japonais, cette œuvre désespérée et symbolique ne manque pas de surprendre, dès son générique, tant par ses choix conceptuels que visuels.
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Depuis près de trois ans, Jihei promet à son amante la courtisane Koharu de la racheter. Mais le modeste commerçant d'Osaka n'a malheureusement pas les moyens de tenir sa promesse. Le couple finit par imaginer de se donner la mort pour être enfin réuni. Le riche marchand Tahei propose bien de se substituer à Jihei, mais il ne bénéficie pas des mêmes faveurs de la part de la jeune femme. Koharu ne manifeste également que peu d'amabilité avec le samouraï qu'elle reçoit ce soir là. Elle lui avoue toutefois mentir sur ses sentiments à l'égard de Jihei sans savoir que ce dernier écoute leur conversation. Le samouraï, qui n'est autre que Magoemon, le frère de Jihei, obtient alors de celui-ci qu'il renonce à sa maîtresse et s'occupe de sa famille et de son commerce en péril. Parmi les vingt-neuf promesses écrites par l'amant et remises à Koharu, Magoemon trouve une lettre d'Osen, l'épouse de Jihei, adressée à sa rivale.
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Contrairement aux films de geishas de Naruse ou de Mizoguchi, le film n'offre pas de point du vue social. Drame sentimental et moral en trois actes, Shinjû: Ten no amijima possède en revanche une indéniable dimension expérimentale. Les images de bunraku (théâtre de marionnettes) du générique s'accompagnent d'un entretien téléphonique de Masahiro Shinoda avec sa co-scénariste à propos d'une scène du film. Les changements de décors sont volontairement soulignés, des individus masqués, manipulateurs de marionnettes humaines, se font les muets vecteurs de la fatalité tragique des amoureux et l'interprétation des deux et très différents personnages féminins principaux est confiée à la seule Shima Iwashita. Shinoda, avec ce film original et étonnant, prouve qu'il sait allier le classicisme qu'il affectionne à une modernité maîtrisée.

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