"... Je ne pouvais plus m'arrêter de pleurer."
L'histoire de la production d'En souvenir de nous est, a posteriori, presque aussi belle que celle que développe son scénario. En 1994, la rencontre du scénariste Michel Leviant avec Marie Vinoy
donne naissance à un projet de film écrit en commun dans lequel
l'actrice doit tenir un des premiers rôles. Cette seconde réalisation de
Leviant pour le cinéma, après La Gueule du loup, est tournée dans une certaine insouciance euphorique et une réelle liberté artistique.
Mais Le Mur aux fées,
puisqu'il s'intitulait ainsi, ne sera jamais distribué. En septembre
2002, le lendemain de son quarante-cinquième anniversaire, Hélène Lapiower,
l'une des interprètes principales, décède. Cette brutale et précoce
disparition donne l'idée au cinéaste de reprendre son film en lui
apportant, avec la complicité de ses acteurs, une pertinente et subtile
dimension commémorative. Le résultat de cette étonnante greffe est
saisissant par sa belle, idyllique et profonde justesse.
Marielle et sa sœur cadette Colombe reviennent dans le village où, plus de dix ans auparavant, elles ont passé quelques jours de vacances chez leur amie Jeanne.
Celle-ci s'est suicidée dans la grande demeure qu'elle avait finalement
choisi de conserver pour y résider et elles assistent à ses obsèques.
C'est Léo, la fille désormais majeure de Pascal le
garagiste qu'elles avaient rencontrés au cours de cet été, qui les
reçoit dans la maison de la défunte. Elles évoquent ensemble certains
souvenirs : leurs arrivée et découverte des lieux, leurs promenades,
baignades, confidences, incidents et disputes. Un événement survenu à
cette époque là pourrait-il expliquer le geste funeste de Jeanne ?
Pour
fixer les idées, il convient d'abord de préciser qu'il ne s'agit en
aucune façon d'une nouvelle version d'un film hypothétiquement raté. Les
qualités du Mur aux fées,
dont la majeure partie est reprise en flash-backs, sont manifestes et
participent évidemment à l'intérêt et au pouvoir de séduction d'En souvenir de nous.
Cette "relecture" n'a rien non plus d'un procédé artificiel. Au
contraire, elle donne, en pleine cohérence, une opportune gravité à ce
récit tour à tour désinvolte, intime et dramatique. Il y a dans ce film
une incontestable influence rohmérienne, mais l'esprit, la sincérité et la sensibilité y sont également plus francs. L'enfance, ses (dés)illusions,
la peur de l'abandon qu'elle nourrit parfois, inspirent largement cette
histoire simple, interprétée avec délicatesse par des acteurs
complémentaires.
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