"D'accord, on partage."
Deuxième collaboration, après Les Grandes gueules déjà avec Lino Ventura, entre Robert Enrico et le scénariste José Giovanni, Les Aventuriers s'inscrit dans le mouvement de renouveau du film d'aventure auquel Philippe de Broca a récemment contribué. Sorti la même année que You Only Live Twice, cinquième opus de la franchise James Bond, le film respecte les codes du genre en réunissant les trois caractéristiques essentielles : héros (ici au pluriel), dépaysement et action. Le roman éponyme de l'ancien repris de justice, paru en 1960, n'est que partiellement exploité par Enrico,
lequel remanie l'histoire et, en outre, remplace l'un des trois
personnages masculins du livre par une femme. Un des épisodes écartés
fera par ailleurs, la même année, l'objet d'une adaptation au cinéma par
son auteur sous le titre La Loi du survivant avec Michel Constantin et Alexandra Stewart.
Amis inséparables, Roland Darbant, roi de la mécanique automobile, et Manu Borelli,
as du manche à balai et instructeur dans un aéro-club, ont un projet
qui devrait leur rapporter gros. Il s'agit de filmer pour un producteur
japonais le passage d'un biplan sous l'Arc de triomphe. Mais la
tentative échoue à la dernière minute en raison de la présence d'un
drapeau et Manu voit sa licence de pilotage lui être retirée.
Les deux hommes découvrent peu après qu'il s'agit d'un canular et s'en
prennent au plaisantin promoteur de l'opération. Pour échapper à leur
colère, celui-ci les met sur la piste d'un avion disparu en mer au large
du Congo avec, à son bord, des valeurs estimées à un demi-milliard de
francs. Accompagnés de leur nouvelle amie artiste, Laetitia Weiss, Roland et Manu embarquent à bord d'un voilier pour découvrir l'épave engloutie au fond de l'Atlantique.
La construction "épisodique", avec trois parties presque d'égales durées, des Aventuriers
ne manque pas de surprendre. Mais elle ne constitue pas un trop lourd
handicap pour cette coproduction franco-italienne pilotée par le duo à
l'origine de la série Le Gendarme....
Plus qu'à une chasse au trésor*, le film semble plutôt s'intéresser à
l'amitié simple et solide qui unit les deux intrépides héros, pas même
mis en situation de rivalité par l'apparition de la jeune et jolie Laetitia. On peut toutefois regretter que le personnage anonyme du pilote interprété par Serge Reggiani ne soit pas plus étoffé et considérer la scène du vernissage sensiblement superflue. Formé pour la deuxième fois, le duo Ventura-Delon fonctionne bien. La méconnue actrice canadienne Joanna Shimkus, dont le rôle était initialement destiné à Bibi Andersson,
livre une prestation d'une grande fraîcheur. Elle tournera d'ailleurs
dans les deux films suivants du réalisateur. Enfin, le score de François de Roubaix est devenu un grand classique des bandes originales aux côtés de celles d'un Ennio Morricone ou d'un John Williams par exemple.
___
*à la poursuite duquel se lançaient, l'année précédente, les trois protagonistes de Il Buono, il brutto, il cattivo.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire