"Non, c'est... C'est bon le chevreuil, c'est bon le chevreuil. Et puis heu..."
Aaltra, le premier film de Benoît Delépine et Gustave de Kervern sorti en 2004, avait dans l'ensemble agréablement surpris ses spectateurs. Avec Avida, le duo va encore plus loin dans cette forme d'humour décalé, absurde et cru(el)
qu'il semble apprécier, quitte à ne pas rencontrer un soutien public et
critique identique. L'élément le plus déconcertant n'est pas tant
l'absence formelle de narration que la construction en saynètes, sorte
de "cadavre exquis" cinématographique. Avida, au casting invité à nouveau prestigieux, a été présenté en sélection officielle, hors compétition, au Festival de Cannes 2006.
Un
torero est tué par le rhinocéros qu'il a affronté sur une placette d'un
parc. Le corps d'un miséreux gêne l'ouverture du portail de la maison
entièrement télécommandée d'un riche excentrique. Pendant que celui-ci
contemple la toile dont il vient de faire l'acquisition, un homme jusque
là retenu captif dans le cabanon du jardin et muni des protections d'un
dresseur de chiens, distrait les trois canidés du maître des lieux. La
poupée dont il se sert, tombée dans la cheminée, est récupérée à l'aide
d'une branche, laquelle déclenche des perturbations électriques et la
brusque apparition d'une épaisse fumée dans la villa. En voulant briser
la baie vitrée de son salon d'un coup de fusil, le riche est
mortellement touché. Son employé quitte alors la propriété.
Il
y a, probablement, au moins deux manières de regarder ce drame comique.
La première est de succomber au malaise que génère le film et de n'y
voir qu'une suite de vagues élucubrations sans réel intérêt, voire un
pur "oris fututio" (ou foutage de gueule). La seconde consiste à
en mesurer l'audace, manifeste d'une expression créatrice affranchie
des conventions usuelles, et les indéniables qualités visuelles. Avida doit, à ce titre, évidemment beaucoup au surréalisme et au panique, assertion validée par la présence (fondatrice) de Fernando Arrabal et par les clins d'œil aux œuvres de Buñuel, de Salvador Dali
ou de René Magritte. Après tout, pour parler de révolte, de folie et de
violence, l'histoire seule ne suffirait peut-être plus ; une injection
de ces trois ingrédients dans la réalisation serait-elle désormais
nécessaire ?
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