mardi 16 septembre 2008

Sultanes del Sur (les seigneurs du sud)


"On ne sait jamais d'où viendra l'élément de surprise."

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Lorsque l'on évoque le cinéma mexicain actuel, on pense volontiers à celui d'Alfonso Cuarón, d'Alejandro González Iñárritu ou, bien sûr, de l'inventif et surbooké Guillermo del Toro. Les productions des cinéastes Fernando Eimbcke et Carlos Reygadas sont en revanche nettement moins connues de la plupart des cinéphiles et, a fortiori, du grand public. Sans parler de celles d'Alejandro Lozano qui, bien que participant activement à la richesse et à la diversité du cinéma sud-américain, n'ont, jusqu'à présent, jamais eu les honneurs d'une sélection dans un festival ou d'une distribution en France. Sultanes del Sur, son deuxième long métrage, s'inscrit résolument, tout en la renouvelant, dans la veine du précédent et remarqué Matando Cabos et mérite assurément notre estime.
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Un homme est reçu par un cadre du siège de la banque Mexca pour ouvrir un compte. Après quelques instants, l'individu dissimulant un pistolet sous sa veste se fait placidement accompagner au coffre contenant un peu plus de douze millions de dollars. Là, il retrouve un complice pendant qu'une femme retient sous la menace d'une arme le personnel et les clients allongés au sol. La police arrive rapidement, contrôle bientôt toutes les issues de l'établissement et entame un dialogue avec le chef des voleurs pour un tenter de sauver la trentaine d'otages. Pendant ce simulacre de négociation, un troisième homme a achevé le percement d'un tunnel par lequel vont s'évader les malfaiteurs.
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Avant que la police n'ait découvert leur départ, ceux-ci ont gagné l'aéroport de Mexico et embarqué à bord d'un vol à destination de Buenos-Aires. Leo(nardo) Batiz, sa compagne Monica, l'ex-fiancé de celle-ci, Carlos Sanchez et Léserio passent sans encombre la douane argentine grâce à la compromission d'un membre du service. Ils se rendent ensuite à un rendez-vous convenu par Leo avec le Texan, principal truand de la ville, destiné à troquer le butin en dollars contre des pesos. Au moment de l'échange au sommet d'un parking, deux individus cagoulés font leur soudaine apparition, tirent à l'arme automatique sur les deux groupes réunis avant de s'enfuir en voiture avec les deux sacs de billets, poursuivis par Leo et par Sanchez.
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Polar cyclothymique et un peu azimuté, Sultanes del Sur se montre d'emblée accrocheur et intriguant et il le reste pendant la presque totalité du métrage. Ce ne sont pas tant les quelques scènes d'action dirigées avec frénésie par Alejandro Lozano, somme toute modestes dans le contexte actuel de surenchère, que l'art consommé du contre-pied, de l'amorti et du lob (métaphores tennistiques !) dans la narration manié par le Texan élevé au Mexique Tony Dalton, déjà co-scénariste et acteur principal de Matando Cabos, qui motive l'intérêt. Situé dans une aire cinématographique qui pourrait être circonscrite par le triangle Pulp Fiction-The Usual Suspect-Ronin, il fait cependant moins appel à cette tonalité de comédie qui donnait son cachet au précédent film. On peut également regretter la prééminence du personnage tenu par Dalton au détriment de ceux interprétés par l'Espagnol Jordi Mollà (découvert dans Jamón, jamón puis Blow et plus récemment en roi Philippe II à l'affiche de Elizabeth: The Golden Age), de la belle Ana de la Reguera, de Silverio Palacios (aperçu dans Y tu mamá también et titulaire du rôle du 'Cannibale' dans le premier film de Lozano), ou encore de Celso Bugallo et Oscar Alegre. Une indéniable bonne surprise.

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