"Je méritais ça ?"
Le cercle des spécialistes français du thriller horrifique installés aux Etats-Unis (un peu long sur une carte de visite !) compte désormais un nouveau membre. Oh ! Pas un total inconnu, puisque Franck Khalfoun avait déjà tenu quelques petits rôles à l'écran et joué, il y a quinze ans, les utilités derrière la caméra d'Alexandre Arcady. C'est d'ailleurs sous l'impulsion du fils de celui-ci, ami pour lequel il a tenu le personnage de Jimmy dans Haute tension, que le Parisien résident à Miami trouve l'opportunité de diriger son premier film. Co-signé par Alexandre Aja donc et son collaborateur depuis Furia Grégory Levasseur, le scénario de P2, inspiré semble-t-il d'un fait divers réel, revisite, sans véritablement le réformer, le thème de la traque que ce duo paraît tant apprécier.
Collaboratrice du cabinet Brieter, Smith & Steinberg, Angela Bridges est retenue au bureau par la rédaction d'un urgent contrat. En cette nuit du réveillon de Noël, la tour qui abrite les locaux a depuis longtemps été désertée quand la jolie jeune femme descend au sous-sol pour rejoindre enfin le dîner familial organisé par sa sœur Lorraine. C'est alors pour s'apercevoir que son véhicule ne démarre plus. Lorsqu'elle tente de regagner le hall de l'immeuble, l'accès aux ascenseurs est à présent verrouillé. Embarrassée de sacs et cadeaux, Angela demande l'aide de l'individu chargé de la sécurité du parking. Après avoir tenté en vain de dépanner l'automobile, ce dernier débloque le passage aux étages supérieurs, permettant à Angela d'appeler un taxi. Mais quand celui-ci arrive, la jeune femme découvre cette fois que le portail coulissant est clos. Karl, le gardien de l'immeuble, a quant à lui disparu. En désespoir de cause, Angela retourne au parking au moment où les éclairages s'éteignent. Progressant à la seule lumière de son téléphone portable, Angela est bientôt agressée et chloroformée par le gardien du parking.
Ce huis clos délibéré puise son pitch, comme de multiples thriller avant lui, dans nos craintes spontanées, presque quotidiennes. Ce choix se révèle souvent judicieux et particulièrement efficace, en particulier lorsqu'il repose sur la suggestion. Or P2 mise au contraire sur l'explicite, celui d'une terreur et d'une violence avant tout visuelles. Le scénario ne manque certes pas de rebondissements utilisés avec rythme et trouvailles par la réalisation. Mais Franck Khalfoun ne réussit jamais vraiment à faire naître une tension palpable et croissante. L'ancien danseur classique nous propose un ballet (tango-re ?) exécuté sans trop voyantes maladresses ni réelle originalité. Moins mécanique et caricatural que Throttle (dont il se démarque par les aspects sexuels et... topographiques !), P2 capitalise néanmoins un peu trop sur les "arguments esthétiques" développés par sa cérébrale actrice principale* que la production prend plaisir à progressivement contrarier par le maquillage. Wes Bentley, remarqué pour son interprétation dans American Beauty, ne parvient pas à se montrer suffisamment inquiétant dans la peau du psychopathe Thomas 'Tom' (personnage pour lequel Alexandre Aja aurait souhaité avoir Andy Serkis).
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*major en mathématiques et économie de Columbia (l'université, pas le studio !!) puis mannequin reconverti dans le cinéma et la télévision (The Amityville Horror, Alias, The Inside)''
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