"Toute peur est une chance à saisir."
Sans aucune parenté avec la comédie homonyme de Joan Micklin Silver sortie en 1989*, ce premier film pour le cinéma, en tant que réalisateur, de Kevin Bacon (second rôle dans JFK et Mystic River, interprète principal de The Woodsman et du contemporain Where the Truth Lies notamment), est une adaptation du deuxième roman à succès publié en 2002 de la poétesse et auteur de fiction Victoria Redel. Kevin Bacon y met pour la seconde fois en scène son épouse Kyra Sedgwick ainsi qu'un surprenant jeune acteur, Dominic Scott Kay, (aperçu dans Minority Report, sa première apparition à l'écran, puis plus récemment dans Pirates of the Caribbean: At World's End). Cette production indépendante peut également être qualifiée de familiale puisque, outre l'actrice principale, les deux enfants du couple figurent au casting et le frère aîné du cinéaste a composé la bande originale. Présenté au Sundance Film Festival 2005, Loverboy a connu ensuite une distribution très confidentielle.
Une mère incite son jeune fils âgé de six ans à faire l'apprentissage de la conduite automobile. Huit ans et demi plus tôt, Emily Stoll, après avoir tenté sans succès une insémination artificielle, multiplie à travers les Etats-unis les copulations uniques, toutes aussi vaines, avec des inconnus, spécimens de la gent masculine sélectionnés pour leurs caractéristiques intellectuelles ou physiques. C'est Paul, un participant de congrès professionnel rencontré dans l'ascenseur d'un hôtel de Chicago, qui devient sans le savoir le géniteur de cet enfant tant désiré. Installée dans une jolie maison à Yonkers (New York), la mère célibataire élève son bébé puis éduque à domicile le jeune Paul, surnommé 'Loverboy', pour préserver les capacités exceptionnelles qu'elle pense déceler chez lui. Mais bientôt le garçon réclame d'aller à l'école comme les autres enfants et interroge sa mère à propos de son père.
Entamé comme une comédie (que n'aurait pas répudiée Jean-Jacques Goldman !), Loverboy vire progressivement au drame psychologique, celui d'une femme durablement meurtrie par une blessure familiale primordiale. Celui aussi d'une fuite-refuge dans un imaginaire, à la fois charmeur et inquiétant, de plus en plus prégnant. La construction en flash-back successifs (et visuellement stylisés) de la jeunesse d'Emily, sensée nous révéler les éléments de cette faille et accroître la tension narrative, nuit cependant un peu à l'intelligibilité générale du récit. Quoique moins éloquent, sur le thème de la possessivité maladive, que le Rachel, Rachel de Paul Newman (autre film adapté d'un roman par un acteur passé derrière la caméra et mettant en scène son épouse), cette seconde réalisation de Kevin Bacon après le téléfilm Losing Chase ne manque pourtant pas d'intérêt. A commencer par l'interprétation de Kyra Sedgwick et celle, déjà très sûre, de Dominic Scott Kay. Les apparitions de Matt Dillon, Oliver Platt, Campbell Scott ou Marisa Tomei s'apparentant davantage à une fantaisie amicale qu'à une réelle nécessité artistique.
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