"There is, of course, another sound."
Est-ce parce qu'il avoue préférer (Johannes) Vermeer, qui a nourrit une partie de son œuvre et notamment A Zed & Two Noughts, à son aîné Rembrandt (Harmenszoon van Rijn) que Peter Greenaway ait voulu traiter ce dernier avec une certaine désinvolture ? Un terme inhabituel pour qualifier le travail du cinéaste gallois, en général salué pour la qualité de The Draughtsman's Contract ou de The Cook the Thief His Wife & Her Lover et honoré à Cannes pour la "contribution artistique" apportée avec Drowning by Numbers. Le contexte de la création et le supposé sens caché de la fameuse toile "De Nachtwacht"*, qui donne son titre au film, lui offrait l'occasion d'évoquer longuement les deux pénultièmes périodes de la vie du peintre et de l'homme. Présenté en première et en compétition à la 64e Mostra de Venise, Nightwatching y obtenait deux prix très spécifiques ("Premio Open" et l'"Open 2007" attribué par la fondation Mimmo Rotella**).
1654. Rembrandt sort en transes d'un cauchemar dans lequel il se découvrait aveugle, suite à une agression collective. Douze ans plus tôt, en pleine gloire artistique et sur le point de devenir enfin père, le peintre avait accepté sur l'insistance de son épouse Saskia la commande formulée par Rombout Kemp d'un portrait de groupe en l'honneur de la milice civile d'Amsterdam. Le capitaine Piers Hasselburg, membre de la troupe supplétive rencontré à cette occasion, était peu après la victime d'un exercice de tir. L'énigmatique disparition de son camarade Egremont et d'inquiétantes informations sur le compte de Kemp poussent bientôt Rembrandt à envisager une trouble conspiration à l'origine de ces événements.
Les cinéastes britanniques embrasseraient-ils trop les peintres flamands... au point de mal les étreindre ? Un peu à l'image de Peter Webber et son vermeerien Girl with a Pearl Earring mais avec peut-être plus de préciosité, Peter Greenaway nous plonge abruptement dans le chaos présumé de l'existence de Rembrandt. A l'exception de quelques rares et courtes séquences tournées en extérieur, la très picturale mise en scène s'apparente à une captation théâtrale aux qualités formelle presque irréprochables. Mais le nœud supposé de l'intrigue, celui d'un complot symboliquement dévoilé par le colossal tableau, ne résiste pas à la forte densité d'une narration essentiellement dialoguée. Cette tranche d'environ douze ans de l'existence du célèbre peintre fils de meunier à Leiden, diamétralement opposée au drame proposé en 1999 par Charles Matton avec Klaus Maria Brandauer dans le rôle-titre, cerne au final davantage l'individu et ses obsessions que l'artiste et son époque. Soulignons enfin la très belle partition du pianiste et compositeur polonais Wlodzimierz Pawlik.
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*moins connu sous le nom de "La Compagnie de Frans Banning Cocq et Willem van Ruytenburch", exposé au Rijksmuseum d'Amsterdam.
**plasticien italien décédé en 2006, auteur notamment en 1997 du cycle Felliniana en hommage au cinéaste riminesi.
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