lundi 30 janvier 2006

Stormy Weather


"Je crois que je n'ai pas compris grand chose."

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Il aura donc fallu attendre cinq ans, après Haut les cœurs !, pour retrouver Solveig Anspach dans une œuvre de fiction. Stormy weather a d'ailleurs été initialement envisagé par la cinéaste d'origine islandaise comme un documentaire tiré d'un fait divers. C'était pour elle, également, l'occasion d'évoquer d'anciennes expériences personnelles et de revenir sur son île natale. Cofinancé par les frères Dardenne et par Blueeyes, la société de production du réalisateur Baltasar Kormaku qui apparaît dans le rôle d'Einar, le film a été présenté en sélection officielle de la section "Un Certain regard" du Festival de Cannes 2003.
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Cora, un jeune docteur en psychiatrie, est intriguée par la présence dans son service d'une femme au comportement étrange. Celle-ci, dont personne ne connaît l'identité et enfermée dans un mutisme quasi total, est capable de réactions violentes lorsqu'elle se sent agressée. Cora devient responsable de son traitement et il naît entre la thérapeute et sa patiente une relation de confiance et même d'amitié qui dépasse le strict cadre professionnel, permettant au médecin de noter des progrès encourageants. Un matin, Cora apprend la reconduite, suite à une recherche auprès de l'Interpol, de sa patiente dans son pays. Cora décide de partir pour Vestmannaeyjar, une petite île islandaise, retrouver celle dont elle connaît à présent le prénom, Lóa.
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Il est drôle de constater la manière dont les récits consacrés à des êtres touchés par des troubles schizophréniques suscitent des appellations atmosphériques. C'était notamment le cas de Rain Man. Une manière de signifier, symboliquement, la tempête ou la pluviosité intérieures chez ces individus. Stormy weather est plus subtil mais aussi infiniment plus sibyllin que le film aux quatre "Oscars" signé en 1988 par Barry Levinson. On pourrait presque dire qu'il ressemble, comme le suggère d'ailleurs son introduction, à une aquarelle aux froides tonalités sur laquelle on croît reconnaître des formes. Le scénario nous livre assez peu de pistes sur les personnages, leur passé, leur destin. C'est probablement, et paradoxalement, ce qui fait une partie du charme du film. Est-ce le droit ou le devoir du médecin à soigner sa patiente qui motive le docteur Cora Levine ? Est-ce l'énigme que constitue Lóa Sugurdardóttir ou l'attirance solaire qu'elle exerce sur elle qui la pousse à partir pour cette aventure insensée ? La réponse est peut-être à la fois plus simple et plus réjouissante.
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Comme la chanson éponyme d'Harold Arlen et de Ted Koehler créée par Ivie Anderson en 1925 et reprise par d'innombrables artistes dont Frank Sinatra et Billie Holiday parmi les premiers et notables, Stormy weather est, comme l'atteste la dernière rencontre entre les deux personnages principaux du film, une histoire d'amour et de vérité. Cora, ayant expérimenté à plusieurs occasions sa relative impuissance, peut enfin se résoudre à quitter l'île volcanique de Lóa lorsqu'elle a le sentiment que celle-ci n'a plus une relation de dépendance mais d'affection vis à vis d'elle.
Les qualités de documentariste de Solveig Anspach sont incontestables et elle s'en sert pour donner à son film ces apparents détachement et véracité qui participent à son l'intérêt. Celui-ci est toutefois moins vif que ceux produits par An Angel at My Table ou Le Huitième jour mais réel. Notons enfin les belles prestations d'Elodie Bouchez, toute en naturel et en sincérité, et de la débutante et expressive Didda Jónsdóttir.

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