"... Cela m'arrange de le croire !"
Ceux
qui, à la fin des années 1970, allaient au cinéma sans leurs parents se
souviennent peut-être de la sélection à Cannes du troisième long
métrage de Jean Beaudin et du prix d'interprétation féminine obtenu par son actrice principale, Monique Mercure(partagé avec Shelley Duvall).
Près de trente ans et quelques réalisations plus tard, le cinéaste est
chargé par une production internationale de diriger cette fresque
historico-romantique dotée du plus gros budget du cinéma québécois.
Librement inspiré d'une légende (?) locale, celle de Marie-Josephte Corriveau, pendue pour le meurtre de ses deux maris en 1763, Nouvelle-France n'a, semble-t-il, pas convaincu son public national (cantonné d'ailleurs à de la pure figuration au cours des "Jutra" et autre "Genie") et n'a connu, en France, qu'une courte exploitation en salles.
Nouvelle
France, 1759. A la veille du traité de Paris du 8 septembre 1760 entre
les couronnes française et britannique, cédant la Belle province à cette
dernière, François le Gardeur, qui vient d'hériter de la charge de notaire paternelle, fait la connaissance sur un marché de la belle veuve Marie-Loup Carignan. Au moment même où il s'éprend d'elle, l'intendant Le Bigot confie le soin à sa maîtresse, Angélique de Roquebrune, de mettre la jeune femme dans son lit. En étudiant les papiers de son père, le Gardeur
découvre les malversations dont celui-ci se serait rendu complice pour
le compte de l'intendant et il s'en ouvre auprès du gouverneur. Ce
dernier lui propose d'aller en France rencontrer la Marquise de Pompadour pour l'éclairer sur les différents aspects de la situation à l'est de l'Acadie. Au cours d'un bal donné chez Angélique de Roquebrune, pendant que Marie-Loup résiste aux pressions de son hôtesse dévouée à Le Bigot, le Gardeur dévoile, sous le sceau du secret, à son ami Xavier Maillard son prochain voyage et ses motivations. Les documents compromettants pour l'intendant sont peu après saisis et le Gardeur, recherché par la milice, fait parvenir à Marie-Loup un billet lui proposant d'embarquer avec lui. Ne sachant pas lire, la jeune femme demande au curé Thomas Blondeau de le faire à sa place. Mais celui-ci, pour de troubles raisons, invente le texte d'une lettre d'adieu.
A
vouloir imiter, avec tout au plus le tiers des ressources, les
productions des studios étasuniens, les œuvres européennes et des autres
pays dans la zone d'influence de l'ingérant voisin y perdent leur âme.
La France a connu (et connaîtra encore) ses spécimens. Outre-Atlantique, Nouvelle-France est de celles-là. Et pourtant, il est objectivement difficile de blâmer le film de Jean Beaudin.
La double intrigue, sentimentale et politique, n'est pas sans intérêt,
la réalisation est soignée, notamment au niveau de la photographie. Les
acteurs sont séduisants et jouent plutôt bien, en particulier les plus
jeunes. Alors pourquoi faire la fine bouche ? Parce que, avec le recul
et pour rester dans la métaphore culinaire, cela ressemble trop à feu la
"Nouvelle cuisine". C'est joliment présenté mais on sort de
table affamé. L'histoire, telle qu'elle est scénarisée et narrée, aurait
pu servir à alimenter les multiples épisodes d'une saga télévisée
estivale. La tonalité générale est un peu mièvre, cela manque de
souffle, de percussion. En un mot, de lyrisme (qui a dit Dion ?). Défaut non compensé, sur le même thème, par le score de Patrick Doyle(que l'on a déjà entendu plus inspiré),
banalement emphatique. Dans cet état, et malgré la beauté de ses
paysages, nous avons peut-être bien fait de l'abandonner, cette Nouvelle-France !*
___*ne dit-on pas joke pour plaisanterie en québécois ?!!
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