"C'est curieux comme coïncidence !"
Il
est plutôt rare pour une réalisateur, français de surcroît, de voir
deux de ses films successifs être sélectionnés, en compétition, au Festival de Cannes. C'est, depuis l'année dernière, le cas de Dominik Moll. La présentation d'Harry, un ami qui vous veut du bien
remontait, il est vrai, à cinq ans. Si le deuxième long métrage du
cinéaste né en Allemagne avait favorablement surpris puis attiré un
public nombreux*, le succès du film d'ouverture de la prestigieuse Quinzaine,
"chargé" de confirmer les bonnes dispositions à l'égard de son auteur, a
été nettement plus modéré et sa carrière en salles, malgré un bon
démarrage, bien plus courte. Probablement sans justification réelle car Lemming
est, dans l'esprit et la forme, assez proche du précédent. Moins
binaire et plus ambitieux dans sa conception et sa réalisation, il a,
peut-être, dérouté certains de ses spectateurs. Le talent d'écriture de Moll,
sa capacité à créer une atmosphère singulière ne font, en tous cas,
aucun doute et son film mérite incontestablement de connaître une
audience plus large.
Alain Getty est un jeune ingénieur recruté par l'entreprise Pollock S.A. pour mettre au point la MWCV, une webcam volante destinée à la surveillance de l'habitat. Lui et son épouse Bénédicte, ex-visiteuse médicale, viennent de s'installer dans une ville nouvelle du sud-ouest de la France, à proximité de l'entreprise qui l'emploie. Ils ont invité le couple Pollock à dîner chez eux. Mais la soirée commence bien mal. L'un des éviers de la cuisine est bouché, les convives sont en retard et, lorsqu'ils arrivent enfin, Alice se montre particulièrement antipathique et son mari Richard est, pour cette raison, contraint d'écourter le repas. Pendant la nuit, Alain, ne trouvant pas le sommeil, démonte le tuyau de l'évier et trouve un muridé coincé à l'intérieur. Bénédicte découvre, au matin, le "hamster" laissé pour mort et s'aperçoit qu'il bouge encore. Elle apprend peu après par un vétérinaire qu'il s'agit d'un lemming, un animal vivant d'habitude exclusivement en Scandinavie. Le soir, Alice, cherchant Richard au bureau, croise Alain et, après avoir brièvement évoqué l'incident de la veille et ses relations avec son mari, essaie de séduire le jeune collaborateur de celui-ci. Le lendemain, Bénédicte reçoit la visite inattendue d'Alice. Les deux femmes discutent quelques instants puis Alice, souhaitant dormir, est conduite, un peu à contre-cœur, par Bénédicte vers la chambre d'ami.
Dominik Moll, cinéaste du dérèglement, de l'altération ? Quand on y songe, son patronyme n'évoque-t-il pas, dans l'une de ses langues "maternelles", la gamme mineure, caractérisée par la présence d'un dièse, altération appelée note sensible ?** Il y a, dans Lemming comme dans Harry..., la volonté de souligner la nature imprévisible, impondérable de l'existence et la vanité de l'homme (même un ingénieur !) à vouloir la prévenir et à s'en prémunir. A partir d'une circonstance apparemment anodine***, bien qu'étrange, va naître une séquence d'événements dramatiques susceptible de créer le plus grand désordre dans la vie bien rangée du couple modèle servant ici de "cobaye". De faire passer celui-ci de la situation de vie à celle de survie, un des thèmes du film. L'un des intérêts majeurs de Lemming est sa faculté à marier, avec finesse, rationalité, surnaturel et onirisme (la chanson "Dream a little dream of me" clôt d'ailleurs le film). Il est, curieusement, moins convaincant sur le plan de la psychologie des personnages, assez peu fouillée, et des rôles et interprétations masculins, relativement faibles. Les Charlotte sont, en revanche, impeccables et savoureuses. Gainsbourg dont la douceur et le naturel sonnent juste ; Rampling, inégalable dans l'ambiguïté et le trouble, donne une réelle densité à une Alice pourtant peu présente à l'écran.
___Alain Getty est un jeune ingénieur recruté par l'entreprise Pollock S.A. pour mettre au point la MWCV, une webcam volante destinée à la surveillance de l'habitat. Lui et son épouse Bénédicte, ex-visiteuse médicale, viennent de s'installer dans une ville nouvelle du sud-ouest de la France, à proximité de l'entreprise qui l'emploie. Ils ont invité le couple Pollock à dîner chez eux. Mais la soirée commence bien mal. L'un des éviers de la cuisine est bouché, les convives sont en retard et, lorsqu'ils arrivent enfin, Alice se montre particulièrement antipathique et son mari Richard est, pour cette raison, contraint d'écourter le repas. Pendant la nuit, Alain, ne trouvant pas le sommeil, démonte le tuyau de l'évier et trouve un muridé coincé à l'intérieur. Bénédicte découvre, au matin, le "hamster" laissé pour mort et s'aperçoit qu'il bouge encore. Elle apprend peu après par un vétérinaire qu'il s'agit d'un lemming, un animal vivant d'habitude exclusivement en Scandinavie. Le soir, Alice, cherchant Richard au bureau, croise Alain et, après avoir brièvement évoqué l'incident de la veille et ses relations avec son mari, essaie de séduire le jeune collaborateur de celui-ci. Le lendemain, Bénédicte reçoit la visite inattendue d'Alice. Les deux femmes discutent quelques instants puis Alice, souhaitant dormir, est conduite, un peu à contre-cœur, par Bénédicte vers la chambre d'ami.
Dominik Moll, cinéaste du dérèglement, de l'altération ? Quand on y songe, son patronyme n'évoque-t-il pas, dans l'une de ses langues "maternelles", la gamme mineure, caractérisée par la présence d'un dièse, altération appelée note sensible ?** Il y a, dans Lemming comme dans Harry..., la volonté de souligner la nature imprévisible, impondérable de l'existence et la vanité de l'homme (même un ingénieur !) à vouloir la prévenir et à s'en prémunir. A partir d'une circonstance apparemment anodine***, bien qu'étrange, va naître une séquence d'événements dramatiques susceptible de créer le plus grand désordre dans la vie bien rangée du couple modèle servant ici de "cobaye". De faire passer celui-ci de la situation de vie à celle de survie, un des thèmes du film. L'un des intérêts majeurs de Lemming est sa faculté à marier, avec finesse, rationalité, surnaturel et onirisme (la chanson "Dream a little dream of me" clôt d'ailleurs le film). Il est, curieusement, moins convaincant sur le plan de la psychologie des personnages, assez peu fouillée, et des rôles et interprétations masculins, relativement faibles. Les Charlotte sont, en revanche, impeccables et savoureuses. Gainsbourg dont la douceur et le naturel sonnent juste ; Rampling, inégalable dans l'ambiguïté et le trouble, donne une réelle densité à une Alice pourtant peu présente à l'écran.
*et dont le scénario avait, un temps, intéressé Wes Craven pour la production d'un remake.
**ceux qui voudraient prolonger cette variation musicale pourront s'interroger et choisir entre mineure harmonique ou mélodique !
***presque identique à celle sur laquelle repose Sitcom.
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