mardi 24 janvier 2006

Royal Wedding (mariage royal)


"Il est trop tard maintenant."

Après un premier film, On the Town, cosigné avec Gene Kelly (qu'il retrouvera à ses côtés sur Singin' in the Rain et It's Always Fair Weather), Stanley Donen apparaît enfin seul au générique de Royal Wedding. La production avait pourtant commencé sans lui car c'était Charles Walters qui avait été chargé de la direction avant de rapidement y renoncer. Une chance pour le jeune danseur et chorégraphe de Broadway et Hollywood de devenir, avec son aîné Vincente Minnelli, l'un des deux grands réalisateurs de comédies musicales. Comme son titre le suggère*, le film s'inspire évidemment de l'événement mondain de la décennie, intervenu près de trois ans plus tôt, en novembre 1947, le mariage d'Elizabeth Alexandra Mary, la fille aînée du roi Georges VI d'Angleterre, avec l'ex-prince Philip Mountbatten, duc d'Edimbourg. Ce que l'on sait moins, c'est l'utilisation d'éléments biographiques de l'acteur principal, Fred Astaire. Le premier scénario du futur oscarisé Alan Jay Lerner puise en effet dans les relations, privées et professionnelles, du célèbre artiste avec sa sœur Adèle juste avant que cette dernière n'épouse, comme le personnage d'Ellen Bowen, un Lord Britannique, Charles Cavendish en 1932 et n'interrompt sa carrière de danseuse.
Les danseurs Tom et sa sœur Ellen Bowen achèvent une longue série de représentations au "49th Street Theatre" de New York couronnée de succès. Irving Klinger, leur agent, leur annonce qu'ils sont engagés par le "Mayfair Theatre" de Londres pour y monter un nouveau spectacle. Cela ne peut mieux tomber car, outre les aspects artistique et financier, le mariage de la prochaine reine d'Angleterre doit bientôt avoir lieu et les nombreux petits-amis d'Ellen, dotée d'un véritable cœur d'artichaut, commencent à devenir encombrants. Sur le paquebot qui les emmène de l'autre côté de l'Atlantique, Ellen fait la connaissance de Lord John Brindale, qui, lui aussi, multiplie les conquêtes. Les deux jeunes gens se fréquentent et, malgré leur penchant pour la variété, s'éprennent l'un de l'autre. A Londres, Tom et Ellen sont accueillis par Edgar, le frère jumeau d'Irving, qui a négocié pour eux le contrat. Au début du recrutement de la troupe de danseurs, Tom teste, engage et invite à dîner pour le soir même Anne Ashmond qu'il avait accidentellement rencontrée dans la rue, donnant naissance à un insolite quiproquo. Bien que farouchement hostile au mariage, Tom tombe amoureux de sa nouvelle recrue. Autre problème, celle-ci est fiancée depuis deux ans à un certain Hal Rayton, un américain vivant à Chicago.
Sorti la même année que An American in Paris, Royal Wedding n'est pas la meilleure contribution de Stanley Donen, ni même sa meilleure comédie musicale, genre dominé, il est vrai, par le chef-d'œuvre et modèle qu'est Singin' in the Rain. Mais il s'agit d'un film plaisant et réjouissant, à l'intrigue bien construite, d'autant plus intéressante qu'elle repose, nous l'avons vu, sur des faits probablement romancés mais réels. La mise en scène, perfectible, est dans l'ensemble assez conventionnelle. Le film restera néanmoins mémorable pour plusieurs scènes de danse, notamment celle où le couple interprète "Open Your Eyes" dans le paquebot malmené par une tempête (une expérience vécue par Astaire en 1923) et surtout celle dans laquelle l'acteur dont le vrai nom est celui d'une célèbre bataille napoléonienne chante "You're All the World To Me" en défiant la gravité**. Même si l'on avait déjà vu cela au cinéma, personne, mis au pied du mur, n'avait encore mieux illustré l'expression "faire les pieds au mur" ! Dans le registre chorégraphique, l'acteur de Top Hat fait encore la preuve de son pur talent alors que, dans un rôle qui a successivement été confié à June Allyson et Judy Garland, la chanteuse Jane Powell surprend très favorablement dans ce, décidément, bal des débutants.
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*même s'il aurait fallu, à cette époque, plutôt parler de noces princières.
**une idée reprise en 198

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