lundi 30 janvier 2006

Le Petit voleur


"... On va se battre."

Parce qu'il arrive une fois de trop en retard à son travail, Esse, un jeune apprenti boulanger, est renvoyé par son patron. Ecœuré, révolté et résolu à ne plus jouer les larbins, il décide de prendre l'argent où il se trouve, à commencer par la paie de sa petite amie caissière Sandra. Il quitte Orléans pour Marseille et entre dans une bande de petits malfrats avec lesquels il participe à quelques cambriolages tout en s'adonnant à la boxe. Sylvain, dit 'Œil', un des principaux membres du groupe l'a à la bonne. Il l'héberge et lui confie, contre espèces, le soin de faire le ménage et les courses pour une vieille dame avant de le désigner à son frère, Tony, un truand d'un calibre supérieur, pour veiller sur sa prostituée.
Second long métrage* d'Erick Zonca et premier volet de la collection "Gauche/Droite"** diffusée en 2000 sur Arte, Le Petit voleur possède la sécheresse, narrative comme dans la captation, d'un documentaire. Tournage caméra à l'épaule, script apparemment assez ouvert, notamment au niveau des dialogues, le film ressemble davantage à un long reportage qu'à une fiction. Mais on perçoit cependant mal, derrière cette ellipse cinématographique vouée presque entièrement à la brutalité, le discours politique sensé animer les contributions de la série. De ce point de vue, La Voleuse de Saint-Lubin de Claire Devers ou Les Terres froides de Sébastien Lifshitz (programmé "à plus d'heure") semblent mieux répondre au cahier des charges de la thématique. Reste que Le Petit voleur décrit plutôt bien le parcours d'un post-adolescent sans racines, livré à lui-même. Les dangers du rêve, caressé par trop de jeunes gens, de l'argent facile et, dans cette perspective, la séduction opérée par la délinquance, antichambre de la criminalité, ne sont que trop réels. Ce qui est peut-être le plus frappant et certainement le plus inquiétant dans le traitement qu'en propose Zonca, c'est l'absence d'éducation et, dans une certaine mesure, d'humanité de ses personnages.
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*passant de peu le seuil avec un durée de 63'.
**avec, outre ceux cités dans la critique, Le Détour, Tontaine et tonton et Retiens la nuit.

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