"Les aveugles ont la rancune tenace."
Le vingt-deuxième épisode des aventures du masseur aveugle Ichi est le cinquième et avant-dernier réalisé par Kimiyoshi Yasuda. C'est aussi l'occasion d'une nouvelle rencontre, après Zatôichi to Yôjinbô, avec un autre personnage du cinéma, chinois cette fois, le sabreur manchot Wang Kang, créé pour la première fois en 1967 par Chang Cheh, avec déjà Wang Yu dans le rôle. Shin Zatôichi: Yabure! Tojin-ken scelle donc, à travers cette opposition à l'écran, un (très provisoire) pacte entre deux pays traditionnellement antagonistes et, concrètement, entre la Toho/Daiei et la Shaw Brothers.
Le film est, selon certains, sorti avec deux fins différentes, chacune
pour un pays spécifique, ce qui atteste du caractère éminemment
diplomatique de l'accord. Pour d'autres*, cette différenciation finale
n'est qu'une légende. Quant à savoir s'il est à la hauteur des attentes
des amateurs de chambara et de wu xia pian...
Poursuivi par les hommes du clan Sugito, Ichi est le témoin de la mort d'un chinois, artiste ambulant, lequel lui confie la garde de son jeune fils, Xiao-rong.
Peu auparavant, les gardes d'une procession officielle avaient tenté de
tuer l'enfant qui se trouvait accidentellement sur leur route. Ses
parents avaient tenté de s'interposer mais avaient été mortellement
blessés, tout comme ceux qui assistaient à la scène. C'est l'homme qu'il
les accompagnait, un manchot, chinois comme eux, qui avait, à mains
nues, décimé la troupe avant de s'enfuir. L'enfant, Ichi et le fuyard recherché, appelé Wang Kang, se croisent et décident de faire route ensemble pour le temple de Fukuryu (Fulong en chinois). Ils sont hébergés, pour la nuit, chez une famille dont le père et la fille, Oyoné, ont été témoins du massacre survenu le matin. Pendant l'absence d'Ichi,
les hommes du clan Nanbu, informés par ceux du clan Sugito, font
irruption chez les hôtes du trio, exécutent le père et la mère et enlève
Oyoné. Bien que sauvée par Ichi, celle-ci est convaincue que le masseur aveugle a vendu son compagnon chinois et est responsable de la mort de ses parents.
Bien qu'il joue en permanence sur les malentendus, pas seulement linguitiques, Shin Zatôichi: Yabure! Tojin-ken, contrairement Zatôichi to Yôjinbô offre bien une confrontation entre les deux personnages cinématographiques. Mais, serait-on tenté de dire : "Pourquoi faire ?".
Ce duel, en toutes logiques, ne devrait pas avoir lieu. Le scénario, un
peu confus, voire contradictoire, et répétitif, ménageant quelques
longueurs, ne semble n'avoir qu'une seul objectif, quelque en soit le
prix : le combat final entre Zatôichi et Wang Kang,
avec, à la clé, la nécessité de choisir un vainqueur. Dommage. Car le
réel intérêt du film ne naît pas d'une illusoire rivalité entre les deux
héros mais de leur simple association, de la comparaison entre leur
personnalité (ou psychologie, finalement assez proche) et leur art singulier.
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*parmi lesquels Benji !
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