vendredi 11 mars 2005

Pieces of April


"J'étais la première crèpe."

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On dit, habituellement, que le vrai génie, dans l'art culinaire, est de savoir faire des merveilles avec presque rien et de surprendre. Cette définition doit pouvoir, sans aucun doute, s'appliquer au cinéma. Et si son premier film en tant que réalisateur n'est pas, à proprement parler, une merveille, Peter Hedges peut, toutefois, être qualifié de bon cuisinier... je veux dire, de bon cinéaste ! Pieces of April est, en effet, un film indépendant à la fois inattendu et attachant. Il ne révolutionne pas les fondations et les codes du septième art (quel film récent est réellement parvenu à cette remise en cause ?) ni ne fait dans la nouvelle cuisine, je veux dire (décidément !), dans un nouveau cinéma qui pourrait laisser le spectateur sur sa faim. Non ; à partir d'une histoire simple, le scénariste passé réalisateur Hedges développe ses talents naturels de conteur pour nous convier à une collation, à la bonne franquette, composée de comédie acidulée et naturaliste et d'émotion spontanée et discrète.
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April Burns et son petit ami Noir Bobby ont, pour la première fois, invité à déjeuner la famille de la jeune femme à l'occasion de Thanksgiving. April, considérée comme indocile, est, depuis longtemps, en froid avec sa mère et elle redoute cette confrontation. Elle est, également, très loin d'être un cordon bleu mais, malgré son appréhension, elle met à la confection de ce repas un réel cœur à l'ouvrage. Bobby s'est absenté pour se procurer un costume et faire, ainsi, une surprise à April et bonne impression à ses parents qui ne le connaissent pas. Coïncidence malheureuse, le four est en panne et April est obligée de demander à plusieurs de ses voisins de l'autoriser à cuire sa dinde chez eux. Pendant ce temps, les Burns ont pris, à l'aube, la route pour se rendre à New York. Jim, le père, adopte une attitude résolument positive ; à l'opposé de celle de son épouse, Joy, gravement malade, qui l'oblige à prendre les petites routes pour retarder l'instant de la rencontre fatidique, attitude soutenue, voire devancée, par ses deux autres obséquieux rejetons. Le repas promet d'être houleux... s'il a vraiment lieu !
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La lecture du "menu" pourrait vous inciter à ne pas vous arrêter dans cette "auberge" là. Et vous auriez tort. Malgré les apparences triviales du synopsis et la modestie de ses moyens, Pieces of April est une œuvre intelligente et plaisante. Les thèmes de l'amour parental et filial, du temps et de l'absence y sont illustrés à la fois avec vigueur, humour et doigté. Tout en étant très construit, le film dégage une impression de fraîcheur et de sincérité assez proche d'une vidéo amateur, impression renforcée par l'utilisation du DVCAM. Mais l'atout majeur du film réside dans la qualité de son casting. Katie Holmes, à l'apparence pourtant peu appétissante, est craquante. Et Patricia Clarkson offre une prestation tout bonnement confondante. Pour tout vous dire, j'ai aussitôt ressorti The Untouchables, The Green Mile, The Pledge et Dogville pour m'assurer ne pas avoir négligé cette actrice dans les films en question. Vous reprendrez bien quelques morceaux d'Avril !

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