"Que quelqu'un d'autre détruise cela. Pas moi."
The Road to Glory ne doit pas être confondu avec le drame homonyme et premier film* réalisé dix ans plus tôt par Howard Hawks. En 1936, le scénariste de la Paramount et de la Fox a déjà produit Scarface avec son ami pilote Howard Hughes. Il a également dirigé The Dawn Patrol et Today We Live prenant pour décor la Première Guerre mondiale. Comme ce dernier, The Road to Glory est co-signé par l'ex-lieutenant de l'U.S. Air Force, envoyé en France en 1917, et l'écrivain William Faulkner**. Si elle ne figure pas parmi ses films les plus connus et appréciés, cette unique collaboration avec Darryl F. Zanuck est assez représentative de l'œuvre de Hawks, "cinéma à hauteur d'homme" selon l'expression de François Truffaut.
1916, quelque part en France. Le capitaine Laroche doit à nouveau quitter la belle Monique Lacoste, une infirmière bénévole dont il est épris. Il vient en effet de recevoir l'ordre de relever, avec la 5e compagnie (appartenant au 2e bataillon du 39e régiment) qu'il commande, des troupes sur le front. Sur le chemin qui la ramène à l'hôpital, Monique doit, à cause d'un bombardement allemand, se réfugier dans une cave où elle rencontre le lieutenant Michel Denet.
Celui-ci tente en vain de la séduire avant d'aller rejoindre son
affectation à la 5e compagnie comme officier en second. Dans les
tranchées, sous le feu de l'ennemi, Denet et Laroche, pourtant très dissemblables, développent progressivement une sympathie réciproque.
Howard Hawks affirmait ne pas vouloir délivrer de message dans ses films. Doit-on pour autant considérer The Road to Glory
comme un pur mélodrame triangulaire en temps de guerre ? Cette vision
risquerait d'apparaître rapidement comme réductrice. L'intrigue
romantique est bien au cœur du récit. Mais elle est surtout l'occasion
d'opposer, en les rapprochant, deux conceptions de la guerre, l'une
idéaliste, rigide, tourmentée et pessimiste, fondée sur le sacrifice,
l'autre pragmatique, plus humaine et positive, laissant néanmoins une
place à l'héroïsme. Cet antagonisme primordial est d'ailleurs
remarquablement campé par Fredric March, l'acteur des dualités (Dr. Jekyll and Mr. Hyde, Les Misérables), et son aîné Warner Baxter. S'il ne peut, sur le plan artistique, rivaliser avec A Farewell to Arms de Frank Borzage ou All Quiet on the Western Front de Lewis Milestone, voire La Grande illusion de Jean Renoir sorti l'année suivante, The Road to Glory, qui exploite dans son montage plusieurs plans de combat des Croix de bois, mérite assurément de sortir de sa relative confidentialité.
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*muet et perdu.
**collaboration à laquelle on doit notamment deux fameux polars avec Humphrey Bogart.
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