lundi 18 septembre 2006

Il Seme dell'uomo (la semence de l'homme)


"Pourquoi recherches-tu la compagnie d'un cimetière de pantins ?"

La fin des années 1960 est marquée par l'exaspération des tensions à travers le monde et la menace nucléaire, malgré le traité de non prolifération signé par Nixon et Brejnev, demeure très vivace. Après la crise des missiles de Cuba et sur fond de guerre du Viêt-nam, certains pays de chaque côté des blocs connaissent des mouvements de révolte et de répression (Printemps de Prague, Mai 1968, instauration de dictatures militaires en Afrique et en Amérique du sud...). C'est dans ce contexte que Marco Ferreri lance la production de Il Seme dell'uomo, l'un des films les plus méconnus de sa carrière. Co-signé par Sergio Bazzini, avec lequel le réalisateur travaille également sur Dillinger è morto sorti la même année, le scénario est, comme celui de ce dernier, à la fois d'une grande simplicité tout en laissant se développer des ellipses qui contribuent à son étrangeté et à son intérêt.
Cino Doria et Dora reprennent l'autoroute après s'être arrêtés pour déjeuner dans un restaurant. Il leur reste quatre cent kilomètres pour rentrer chez eux. Mais lorsqu'ils débouchent d'un long tunnel, le monde ne semble plus le même. La radio diffuse d'étranges et incompréhensibles messages et un autocar est immobilisé en travers de la voie, son conducteur et les enfants qu'il transportait étant morts à l'intérieur. Le couple est bientôt stoppé à un contrôle routier et il comprend qu'une foudroyante catastrophe s'est produite, provoquant la dévastation à travers le monde. Obligés d'abandonner leur véhicule aux militaires, Cino et Dora arrivent à pieds dans une grande bâtisse en bord de mer et s'y installent.
C'est vers un retour à un état de nature post-apocalyptique, bien différent de celui proposé par Franklin J. Schaffner l'année précédente, que nous emmène Ferreri avec Il Seme dell'uomo. A ses thématiques privilégiées, ceux de la femme, du couple et du sexe, le cinéaste ajoute donc celui de l'eschatologie qui (avec ou sans le "e" initial) influencera plusieurs de ses œuvres ultérieures. Sans se préoccuper du réalisme fantastique de son film, ce que le budget de cette production cent pour cent italienne (un cas isolé dans la filmographie de Ferreri) n'aurait de toutes façons pas permis, le réalisateur élabore une parabole pastorale dans laquelle s'opposent deux éthiques. Celle, classique et officielle, de l'homme à la recherche conjuguée de son plaisir et de la refondation d'une humanité ; celle, mutante, d'une femme, elle même transformée, qui refuse cette renaissance.
Il est difficile d'adhérer véritablement au symbolisme un peu simpliste de ce film, d'autant que les deux interprètes principaux manquent eux-même cruellement d'une certaine conviction. Marco Margine, dans son premier et unique film, grâce auquel Ferreri se met en scène avec quelques années de moins et Anne Wiazemsky, sortie peut-être pas tout à fait indemne du quasi mutique Teorema de Pasolini avec lequel elle tournera pourtant à nouveau pour Porcile (avec l'acteur Marco Ferreri !). A noter qu'elle et Annie Girardot, déjà apparues ensemble dans Les Gauloises bleues, partageaient, la même année, l'affiche du plus conventionnel La Bande à Bonnot

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