"... D'avant-garde."
A partir des années 1970, Marco Ferreri, dont le parcours artistique était déjà difficile à suivre, devient totalement imprévisible (qualificatif qu'il prendrait sûrement comme un compliment). Une constante apparaît toutefois depuis Ciao maschio,
son intérêt pour l'univers de l'enfance, probable refuge ultime de ses
espoirs humanistes. Comme pour ce dernier, le scénario de Chiedo asilo(litt. "je veux l'école") est écrit en collaboration avec Gérard Brach*,
une histoire sans réel fil conducteur surtout destinée à interroger un
système éducatif jugé trop conservateur par le cinéaste. En dehors de
quelques traits d'ironie politique, il n'est pas certain que le film
atteigne son objectif. Reste alors les dimensions poétique et
humoristique confiées à un Roberto Benigni dans son premier rôle principal. Et la présence de Dominique Laffin, découverte deux ans auparavant chez Claude Miller, nommée aux "César", également en 1979, pour son interprétation dans La Femme qui pleure de Jacques Doillon.
Roberto
fait sa rentrée comme maître d'une classe d'école maternelle installée
au milieu d'une cité bolonaise. Les méthodes de ce nouvel enseignant,
bientôt assisté de son ami Luca en tant qu'animateur, sortent résolument de l'ordinaire. Mais il ne réussit pas à éviter l'hospitalisation du jeune Gianluigi qui refuse de s'alimenter. Avant une représentation théâtrale donnée par l'ami qu'il héberge, Roberto rencontre Isabella Conti, la maman de son élève Michela.
Invité chez elle, il lui propose aimablement de remplacer le père de la
petite fille qui l'a abandonnée. L'attente d'un bébé vient bientôt
sceller cette relation.
Les reproches essentiels que l'on peut formuler à Chiedo asilo
sont de ne pas avoir, paradoxalement, de ligne directrice et de
souffrir de longueurs. Chronique d'un original à la pédagogie qui ne
l'est pas moins, confronté à une soudaine situation de paternité, le
film s'égare à travers de multiples scènes-sketches plus ou moins
réussies ou d'intrigues secondaires. Si le sort du petit garçon autiste
et anorexique bien évidemment nous touche, la relation bâtie avec lui
par son maître laisse en revanche plutôt perplexe. L'une des parties les
plus intéressantes et ferrériennes du film est sans aucun doute celle de la visite inopinée à l'usine pétrochimique au terme de laquelle Roberto et un commissaire de police ont un échange verbal plein d'impertinence sur la relative dangerosité des lieux. Chiedo asilo constitue une sorte d'antithèse au Goodbye, Mr. Chips de Sam Wood ou à sa version française, L'Ecole buissonnière de Jean-Paul Le Chanois. On pourra, sans trop de difficulté, lui préférer ces derniers.
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*qui signait la même année un autre film très différent, Tess.
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