"Encore un peu de Ling Po ?"
Le cinéma d'Harold Lloyd,
nous l'avons évoqué précédemment, a relativement bien réussi son
passage au parlant. En revanche, le personnage ambitieux et entreprenant
qu'il a l'habitude d'interpréter a eu plus de mal à résister à la crise
de 1929 et ses films connaissent, à partir de cette date, un succès
déclinant. Après le très bon Movie Crazy, l'acteur et producteur adapte une courte histoire de Clarence Budington Kelland, auteur à l'origine du scénario de Speak Easily de Buster Keaton sorti deux ans plus tôt et du futur Mr. Deeds Goes to Town de Frank Capra. The Cat's Paw est l'une des productions les plus singulières de Lloyd, lequel interprète un personnage qui sort radicalement de l'épure dessinée au cours de sa carrière.
Lorsqu'il était enfant, Ezekiel Cobb
a suivi son pasteur de père dans la mission du petit village chinois de
Cheng-tu. Vingt ans plus tard, devenu un jeune homme empreint de la
culture de son nouveau pays, il entreprend un voyage à Stockport, la
ville américaine où il est né, pour y trouver une épouse. Le révérend Junius P. Withers, auprès duquel il est recommandé par un ami chinois, refusant de le recevoir, Cobb remet son sort entre les mains de Jake Mayo, le responsable du Parti de l'ordre qui vient de convaincre Withers de se présenter à l'élection municipale contre le maire sortant Ed Morgan,
un escroc notoire. En réalité, cette candidature, qui n'a aucune chance
d'aboutir, a pour seule vocation de sauver les apparences démocratiques
du vote et de permettre de pérenniser le système mafieux organisé par Mayo et Morgan. Mais Withers décède brutalement deux jours avant le scrutin et le prétendu réformiste Parti de l'ordre doit trouver un autre postulant. Le choix se porte sur Cobb
qui passe pour un parfait nigaud. Contre toutes attentes, celui-ci est
élu, en partie grâce à l'intervention et l'influence de sa voisine, Petunia 'Baby' Pratt.
Intéressant sans être inoubliable, The Cat's Paw souffre vraisemblablement d'une trop grande fidélité à l'histoire originelle de Kelland, Harold Lloyd
refusant de s'approprier davantage un personnage inhabituel dans sa
filmographie. Passé la surprise initiale, l'intrigue est assez prenante,
parfois inattendue, creusant un sillon dans lequel germera, cinq ans
plus tard, l'excellent Mr. Smith Goes to Washington de Lewis R. Foster, Sidney Buchman et Frank Capra.
Amateurs exclusifs de burlesque, votez pour un autre film, cette
comédie frayant davantage avec le drame et le polar. Belle prestation d'Una Merkel et de George Barbier à l'affiche, ensemble, la même année de The Merry Widow de Lubitsch.
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