jeudi 20 juillet 2006

A History of Violence


"Rien de tout cela n'a de sens."

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Le huitième art serait-il entrain de devenir l'une des sources d'inspiration majeures du précédent ? La question peut être légitimement posée en voyant David Cronenberg adapter au cinéma le roman graphique de John Wagner (texte) et Vince Locke (dessin). Comme Sin City, V for Vendetta ou bientôt The Spirit, A History of Violence a donc d'abord été une bande dessinée, publiée fin 2004 et en compétition pour le "Prix du scénario" au dernier Festival d'Angoulême. Découvrir le réalisateur canadien dans ce double registre (polar et B.D.) est bien sûr inattendu et constitue, quoique l'on pense de ses œuvres antérieures, une bonne surprise.
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Tom Stall réside avec sa famille dans la paisible petite ville de Millbrook (Indiana). Ce patron d'un snack-bar, apprécié de ses concitoyens, se retrouve un soir face à deux tueurs entrés après la fermeture dans son modeste établissement. Ceux-ci veulent dérober la caisse, ce à quoi Stall ne s'oppose pas. Mais lorsque le plus vieux des braqueurs intime l'ordre à son cadet de tuer l'employée retenue par force, Stall réussit à les abattre l'un après l'autre avec une rapidité et une dextérité stupéfiantes. Le fait divers est aussitôt relaté par les médias, propulsant Stall, malgré lui, au statut de héros local, voire national. Sa soudaine célébrité n'attire pas que les journalistes et le soir même une mystérieuse limousine noire aux vitres teintées s'arrête quelques instants devant la maison des Stall. Le lendemain, un homme portant une vieille blessure à l'œil gauche se présente au restaurant. Il prétend avoir connu Stall à Philadelphie sous une autre identité. Celui-ci s'étonne et nie catégoriquement, mais le doute sur son identité va peu à peu s'insinuer dans l'esprit de son épouse et dans celui du shérif local.
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Le scénario de Josh Olson et la réalisation de Cronenberg prennent quelques libertés par rapport à l'œuvre originale. Tom Stall est, par exemple, bien plus séduisant que le Tom McKenna originaire de New York dans la bande dessinée. Et Richie (Benedetto) n'y était pas son frère mais un ami. L'essentiel du récit est néanmoins conservé. Cronenberg utilise cette histoire linéaire et somme toute assez banale pour développer un thème délicat, celui de la séduction de la violence physique. L'ambiguïté du film, qui recourt souvent à l'imagerie populaire de l'autodéfense chère aux étasuniens, c'est qu'il semble en constituer à la fois une apologie et une diatribe. Ceux qui seraient tentés de faire le mauvais choix doivent revoir la scène d'ouverture, à la langueur palpable, en partie composée d'un long plan séquence d'environ quatre minutes. Cette effroyable séduction s'exerce également sur le spectateur, les séquences d'affrontement étant particulièrement réussies et réalistes. Mais les moments les plus forts et qui font l'intérêt de A History of Violence sont ceux qui montrent le basculement du personnage de Jack Stall, auteur d'un brillant désamorçage d'une agression au début du métrage ou le premier rapport physique entre Edie et Joey Cusack, véritable climax du film. Belle prestation des deux acteurs principaux dans des personnages déchirés et de la plupart des rôles secondaires, en particulier celui, surprenant, tenu par William Hurt.

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