"... La plus belle terre que l'homme ait jamais contemplée."
Cuba, la perle des Caraïbes
Découverte en octobre 1492, après San Salvador, par Christophe Colomb au cours de son premier voyage vers les Indes "par le Ponent",
Cuba est la plus grande île des Caraïbes et depuis 1959, avec l'île de
la Jeunesse et les quelque mille six cents îlots et cayos qui font
partie de l'archipel, une république socialiste à cent quarante-huit
kilomètres au sud de Key West (Floride).
L'émission nous emmène à travers les 1 250 kilomètres de plaines
fertiles entrecoupées de quelques chaînes de montagnes, ponctuée du
rappel des principales pages de la tumultueuse histoire du pays. La
remarquable beauté des paysages et les drames qui s'y sont déroulés ont
d'ailleurs inspiré le cinéma, à commencer par l'excellent Soy Cuba de Mikhail Kalatozov, le film au slogan choc ("moitié paradis, moitié enfer... Pur(e) Havane" !) sorti en 1979 de Richard Lester avec Sean Connery et Brooke Adams, celui de Sydney Pollack avec Robert Redford (1990) ou le récent The Lost City d'Andy Garcia... tourné à Santo Domingo sans oublier Buena Vista Social Club, le premier documentaire musical de Wim Wenders.
A Baracoa, site enclavé au milieu des montagnes où débarquèrent les
premiers conquistadores, l'historien Alejandro Hartmann mène depuis
plusieurs années une étude généalogique destinée à dénombrer les
descendants des Taïnos, l'une des principales populations indigènes de
l'île avec les Karibs. La particularité de ces indiens est d'avoir
constamment transmis à travers les générations leurs connaissances des
plantes médicinales. Un atout de taille en matière de santé public pour
un pays soumis dès 1962 à un incessant embargo et démuni de l'aide des
"pays frères" depuis l'effondrement du bloc de l'est.
Sierra Maestra - dans le massif montagneux le plus important de
Cuba, une des régions les plus sauvages et lieu de refuge des
révolutionnaires à travers les siècles, se dresse le sommet le plus
élevé de l'île, el pico Turquino culminant à 1974 mètres (c'est
aussi le nom d'un groupe de musique cubaine, fondé dans les années 1970
par Juan de Marcos González, qui interprète du Son traditionnel).
Dans le petit village de Bejuco (Sagua de Tanamo) niché dans la
montage, Josepha, Trinidad et Crescenzia, âgées de 78 à 83 ans,
préparent leur prochain voyage à Santiago. Elle doivent en effet
participer, après un long périple, à un spectacle de tumba francesa qui
doit s'y tenir. Cette danse, créée au XVIIIe siècle par les esclaves des
colons français cultivateurs de café, mimait le menuet et autre
contredanse de leurs maîtres au rythme de percussions africaines. Sa
tradition a été conservée jusqu'à nos jours et, pour la première fois,
les trois tumbas, Bejuco, Guantanamo et Santiago, ont décidé de se
produire ensemble à l'occasion de la semaine de la francophonie.
Santiago - la ville fondée en 1514 par Diego Velázquez (dont la résidence peut être visitée),
théâtre de la bataille de 1898 qui mena Cuba à son indépendance, est
marquée sur le plan architecture par l'influence française, à l'image du
quartier de Tivoli longtemps appelé la "petite France".
A
San Pedrito, le quartier noir de Santiago, Dania, toute vêtue de blanc,
ne passe pas inaperçue. Cette danseuse, perturbée par des troubles de
santé persistants, est devenue une adepte de la santeria, religion
spécifiquement cubaine qui honore une multitude de saints et de dieux,
les "orishas". Pour préserver cette croyance aux racines africaines, les
esclaves l'associèrent au culte catholique, donnant naissance à un
étrange syncrétisme, phénomène amplifié par la visite du pape Jean Paul
II à Cuba en 1998. Dans l'un des derniers pays communistes de la
planète, spiritisme et catholicisme font curieusement bon ménage.
Niquero - c'est dans cette localité de la province du Granma qu'ont débarqué, le 2 décembre 1956, Fidel Castro, exilé au Mexique après une première tentative de révolution, et l'argentin Ernesto 'Che' Guevara
pour renverser le président Fulgencio Batista. Mais l'opération débute
bien mal, la majeure partie des quatre-vingt membres du commando (les barbudos) étant soit tués, soit faits prisonniers par l'armée.
Les cubains entretiennent une véritable passion pour la musique, à
l'image de celle que nourrit, depuis plus d'un siècle, la famille
Fornaris pour les orgues à soufflet. C'est avec Santiago Fornaris que
commence cette histoire. Il trouve, en 1887, dans une église de
Cienfuegos, un de ces instruments et l'amène chez lui, à Manzanillo. Son
petit-neveu Chito prend sa succession en réparant ou en créant de
nouveaux exemplaires. Le neveu de celui-ci, Pedro, est lui devenu
musicien itinérant et organise régulièrement des bals pour son quartier.
Il a aussi fabriqué la machine qui sert à perforer les cartons, donnant
une inattendue seconde vie aux emballages... de langoustes !
Camaguey - et son marché libre.
Quinze
ans est, à Cuba où la majorité est à seize ans, le dernier âge de
l'enfance. C'est pourquoi cet anniversaire revêt un caractère
particulier, un jour aussi important que celui du mariage. A Trinidad,
la modeste famille de Yerena a décidé de le fêter avec un faste
inhabituel et s'y prépare depuis cinq ans. Tenues vestimentaires pour la
jeune femme et ses amies, location d'une des "belles américaines"
abandonnées après la révolution, amoureusement restaurées et
entretenues, d'un photographe et d'un vidéaste, réception... une dépense
cumulée d'environ six cents euros... soit plus de trois ans d'un
salaire moyen dans le pays.
Cayo Coco - réserve naturelle et superbe site exclusivement réservé aux touristes étrangers.
Santa
Clara, où Che Guevara mena, en décembre 1958, une célèbre attaque
contre un train blindé et se tient le très visité mémorial du
charismatique chef révolutionnaire, est le siège d'une autre institution
publique, "El Mejunje" (mélange en espagnol). Ce centre
culturel organise chaque jour, à longueur d'année, des spectacles
insolites et hétéroclites, de théâtre, de musique, de cabaret... La
liberté de ton et de création de cet espace, fondé il y a plus de vingt
ans par Ramón Silverio, est réputé dans le pays. Et les artistes sont
parfois recrutés dans la rue.
Cienfuegos - le cœur de cette ville où résidèrent des colons
français originaires de Bordeaux est le théâtre Tomas Terry, du nom du
mécène vénézuélien venu faire fortune à Cuba, inauguré en février 1890
et où se sont produits le ténor italien Enrico Caruso et la comédienne
française Sarah Bernhardt.
Dans
les marais de la Zapata, la plus grande zone marécageuse des Caraïbes,
vivent les carboneros, ces "hommes des marais" qui perpétuent l'une des
activités les plus anciennes de la région, la production de charbon
végétal. Un travail particulièrement pénible dans une zone restée
célèbre sous le nom de baie des Cochons lorsque, le 17 avril 1961, mille
cinq cents cubains réfugiés aux Etats-Unis, entraînés et payés par la
C.I.A., y débarquèrent pour tenter de renverser Fidel Castro.
La Havane - destination de prédilection des américains pendant
la prohibition et son fameux Malecon long de sept kilomètres en bordure
de mer. Depuis quelques années, un vaste chantier de restauration des
bâtiments de la vieille ville a été entrepris.
La
boxe est, avec le base-ball, l'un des sports préférés des Cubains et
une source de fierté. Les adeptes de cet art, souvent issus de milieu
modeste, sont de véritables idoles. Félix Savon est l'un d'entre eux.
Après avoir remporté deux titres olympiques (1992 et 1996) et six championnats du monde des poids lourds (dernière ceinture en 1997),
il s'occupe désormais des champions de demain dans une salle perdue de
La Habana vieja, le gymnase Raphael Trejo. Chaque jour, des dizaines
d'enfants se rendent après l'école dans ce lieu de légende dont le ring a
été foulé par tous les champions cubains. Car si le sport professionnel
est interdit à Cuba depuis la révolution, même amateur, il représente
toujours un espoir pour les habitants de l'île, celui d'améliorer leurs
conditions de vie.
Pinar del Rio - sculptée par la chaîne de montagnes de
Guaniguanico, cette province cache dans ces nombreux replis de
véritables merveilles de la nature et est devenue une des destinations
favorites du tourisme écologique.
Ce
métier, instauré en 1865, n'existe qu'à Cuba et connaît un réel essor.
Les hommes et des femmes qui l'exercent sont chargés de faire la lecture
aux ouvriers qui travaillent dans les usines de fabrication de cigares.
Une manière originale de démocratiser la culture de la population. Le
régime cubain s'appuie sur ces lecteurs pour propager la bataille des
idées, une campagne idéologique née en 1999 qui trouve son origine dans
un des nombreux incidents diplomatiques avec les Etats-Unis. De
nombreuses lectrices ont donc été recrutées dans les usines qui en
étaient jusque là dépourvues pour lire des textes beaucoup moins
romanesques que par le passé.
Maria la Gorda - réserve mondiale sous-marine et étape finale du voyage.
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