"Damnant quod non intelligent."
Ce n'est pas sans appréhension que nous avons visionné ce téléfilm à petit budget présenté l'année dernière au Festival de Sundance. Le douloureux souvenir du piètre Glitter, avec Mariah Carey,
n'a pas manqué de se raviver à l'annonce du nom du réalisateur. Acteur
de second et troisième rôles depuis la fin des années 1980 (on l'a notamment aperçu dans Black Rain de Ridley Scott, Die hard 2 de Renny Harlin ou encore dans Passion Fish de John Sayles), Vondie Curtis-Hall a débuté sa carrière de directeur de film avec deux épisodes de la série ER. Redemption,
s'il n'est pas, à proprement parlé, un bon film, trouve l'occasion de
sortir de l'ombre médiatique grâce à la présence dans son casting du
récent "oscarisé" Jamie Foxx et permet à son auteur de... se racheter.
Stanley 'Tookie' Williams, le chef du gang californien des "Crips"
est condamné à mort en 1981 pour un quadruple meurtre. Incarcéré à la
prison de San-Quentin, il attend, dans le couloir de la mort, le
résultat de son appel. Placé en isolement pour s'être battu dans la cour
d'exercice, il accepte, d'abord avec réticence, de recevoir la
journaliste afro-américaine Barbara Becnel qui souhaite écrire
un ouvrage sur son histoire et sur les gangs. Mère divorcée d'un
étudiant, elle se sent directement concernée par la lutte incessante
entre les groupes locaux et son impressionnant cortège de victimes,
jeunes pour la plupart. Après quelques rencontres, une complicité naît
entre le prisonnier et sa singulière visiteuse qu'a priori rien ne
réunit. Influencé par un vieux et mystique voisin de cellule, 'Tookie', redevenu Stan, va s'amender et demander à Barbara
de l'aider à écrire et publier des livres éducatifs destinés à prévenir
les enfants contre la violence. Lesquels connaissent un succès tel que Winnie Mandela se rend au pénitencier pour y rencontrer l'auteur et que celui-ci est nommé deux années consécutives pour un "Prix Nobel".
Cette
biographie partielle d'un personnage réel, malgré ses handicaps de fond
et de forme, n'est pas franchement déplaisante. Certes, le discours
moralisateur est très conventionnel et emplis de bons sentiments,
laissant notamment croire au concept général d'une vertu éducatrice et
rédemptrice de la prison. Comble de la simagrée ou de la naïveté, les
détenus sont appelés "Monsieur..." par les gardiens. La
première partie du métrage est également très "stylisée" sur le plan
cinématographique, quasiment "clipée" (usage intensif de défilements rapides, de flous de mise au point...). La fièvre des effets à, fort heureusement, tendance à s'atténuer avec la progression du récit. La composition de Jamie Foxx n'a, bien sûr, rien de comparable à celle, prodigieusement mimétique, qu'il développe dans Ray. Tourné après Ali et Shade, Redemption ne laisse pas encore totalement entrevoir les qualités qu'on lui découvrira dans le rôle de Max de Collateral. Jolie prestation de Lynn Whitfield avec laquelle Vondie Curtis-Hall avait tourné, en tant qu'acteur, dans Eve's Bayou, le film de son épouse, Kasi Lemmons.
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