mercredi 25 mai 2005

Le Genre humain, 1ère partie : Les parisiens


"Bien sûr que c'est une blague, cher monsieur. ... On est dans un rêve, monsieur, j'ai le droit de faire ce que je veux."

Deux questions en (duc de) guise d'introduction. Peut-on reprocher à Claude Lelouch de faire du Lelouch ? Non, bien sûr, et un spectateur qui se rend à la projection d'un de ses films sait, peu ou prou, à quoi s'attendre... pour le meilleur et pour le pire. La controverse véhémente et polémique* entre le cinéaste et la presse, au moment de la sortie en salles du Genre humain - 1ère partie : Les parisiens, était-elle justifiée et nécessaire ? Pas davantage, la critique cinéma n'est, d'une part, pas sortie indemne de cette mêlée inutile dans laquelle elle manquait parfois singulièrement d'arguments et semblait (à l'exception d'un membre de la rédaction d'un mensuel édité sur papier glacé) ne parler que d'une seule voix, presque totalitaire. Le réalisateur d'Un homme et une femme doit, de son côté, accepter une évidence simple : le public actuel n'est pas celui des années 1960, voire 1980, et il faut proposer autre chose pour permettre à l'auteur de plus de quarante films de sortir de ce "tête-à-tête" avec ses quelques trois cent mille fidèles admirateurs. Mais Lelouch n'est pas à un aveuglement ou une aberration près. Pour preuve, Les Parisiens a été présenté en ouverture du 30ème Festival du cinéma américain de Deauville dont il était le président du jury, situation inédite puisque aucun film français n'y avait jamais été programmé. A moins que les Films 13 n'appartiennent, en sous-main, à des intérêts US et que nous ne le savions pas !
Décembre 1999. Qu'est ce qui est mieux que la vie ? Le bonheur. Et tout le monde court après lui, pas dans le pré, à Paris. La plupart du temps, en se trompant sur sa signification et sur le partenaire avec lequel il va pouvoir naître et s'épanouir. Une actrice qui veut quitter son mari, inspecteur à la P.J., pour son amant, marié et chanteur dans des clubs de jazz. La serveuse de l'un de ces derniers, amoureuse de son patron qui lui préfère sa collègue, laquelle en pince pour Massimo, un chanteur italien qui se produit en duo avec Shaa, une jolie jeune femme sans réel talent vocal. Un riche, autodidacte et cardiaque patron d'une chaîne de pizzeria qui a le coup de foudre pour une ancienne sociétaire de la Comédie Française alors qu'il voulait lui acheter son château. L'histoire de couple(s) que la vie (la surenchère narcissique) réunit ou sépare, amour(s) qui naî(ssen)t et s'étei(gne)nt, sujet d'un livre puis idée d'un film... de Claude Lelouch.
Y a-t-il encore quelque chose que Claude Lelouch n'ait pas dit sur l'amour, lequel rime souvent avec infidélité dans sa prose cinématographique ? Il faut le croire, puisqu'il est décidé à y consacrer encore au moins une trilogie, inspirée par Victor Hugo. Le cinéaste cite même, en toute simplicité et en exergue, l'auteur de "La Légendes des siècles" auquel il emprunte le titre générique de ses films. Même s'il n'a jamais vraiment fait dans le raffinement et la subtilité, Lelouch est un réalisateur sérieux, doté d'un savoir faire artisanal honorable. Une partie de ces qualités est visible dans Les Parisiens. Mais ce long film, faussement rythmé et faisant avec ostentation la promotion de grandes enseignes françaises, est rapidement lassant. L'aspect "collectif" (mais sans transport : "tu as vu, c'est truc !... C'est pas Namias là ?") plus que choral devient un handicap en ne focalisant réellement, sauf tardivement, sur aucune des différentes intrigues. Et certains dialogues, par leur prétendue spiritualité, ou situations ne se contentent pas de frôler la "correctionnelle". La vraie faiblesse des productions récentes du cinéaste, outre qu'elles deviennent convenues, est de ne plus créer l'émotion comique et/ou dramatique. L'une des seules bonnes raisons de voir celle-ci est la présence, dans un rôle éminemment symbolique, de Ticky Holgado auquel le film est dédié.
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*se traduisant accessoirement, on s'en rappelle, par une séance gratuite le 17 septembre dernier.

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