"Je suis du genre inhabituel !"
Au bon sens du terme ? Avouons-le, nous avons (presque) tous aimé le classicisme des aventures du personnage de Maurice Leblanc, qu'il soit interprété par John Barrymore dans l'adaptation américaine de Jack Conway, par Robert Lamoureux pour Jacques Becker, qui reste une sorte de référence, ou pour Yves Robert mais aussi, et bien sûr, par Georges Descrières dans la série TV des années 1970. L'idée de Jean-Paul Salomé de relater la jeunesse d'Arsène Lupin, inédite à l'écran, à partir d'un roman tardif de l'auteur normand, "La Comtesse de Cagliostro" (publié dans "Le Journal" entre le 10 décembre 1923 et le 30 janvier 1924)
était, sur le principe, originale et intéressante. Mais le réalisateur
et co-scénariste pèche par immodestie en voulant transformer, jusqu'à la
caricature, un héros centenaire, bourgeois puis populaire, tout en
s'affranchissant de la riche mythologie qu'il véhicule ou, pire, en
l'appauvrissant.
1882. Arsène Lupin est le fils d'une aristocrate, Henriette d'Andrézy et d'un professeur de savate, Théophraste Lupin,
accessoirement voleur de son état. Un jour, alors qu'il est sur le
point d'être arrêté par la police, ce dernier s'échappe mais il est
retrouvé mort, affreusement défiguré, sur un chemin qui borde les
falaises de Seine Inférieure. Quinze ans plus tard, Lupin, se faisant appeler Raoul d'Andrézy,
est, lui-même, devenu un voleur qui s'amuse à détrousser les riches.
Alors qu'il rend visite à sa mère hospitalisée, il retrouve sa cousine, Clarisse de Dreux-Soubise, avec laquelle, enfant, il habitait. Chez elle, Lupin
va découvrir un complot royaliste cherchant à mettre la main sur le
trésor des rois de France, caché depuis des décennies. Lupin fait
également, à cette occasion, la connaissance de la mystérieuse comtesse Joséphine de Cagliostro à la réputation surnaturelle et démoniaque. Avec et pour elle, Lupin décide de partir en quête du trésor perdu. Pour cela, il lui faut trouver trois crucifix...
La version d'Arsène Lupin de Jean-Paul Salomé doit se voir comme un pur divertissement (un pastiche ?).
Plus commercial que réellement artistique, il n'a, manifestement, pas
l'once d'une ambition culturelle ou cinématographique et vise
délibérément la catégorie blockbuster plus que celle des œuvres personnelles. Sans que cela ne constitue d'ailleurs, en soi, un
handicap. Le problème majeur du film est l'indigence et le déséquilibre
de son scénario. Paradoxalement, à vouloir, à tout prix, faire d'Arsène Lupin un Indiana Jones
d'opérette, en s'évertuant à rajouter intrigues secondaires et effets,
spectaculaires ou non, divers et variés, en hésitant entre action,
aventure et même comédie, le réalisateur prend le risque de ne donner
aucune direction à son film... et il y parvient, hélas, parfaitement.
Comme il réussit l'exploit de rendre sérieusement pale quelques uns de
ses acteurs, à commencer par Kristin Scott Thomas
mal servie, comme ses partenaires, par les dialogues et méconnaissable
par le peu de relief inhabituel qu'elle donne à son rôle. Romain Duris cabotine et dénature le personnage élégant et intriguant de Maurice Leblanc.
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