lundi 9 mai 2005

Open Water (open water, en eaux profondes)


"Pourquoi seulement à 90% ?"

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Si vous n'avez pas vu le film, n'espérez pas assister à un remake de Jaws. Même si le chef-d'œuvre artistique et commercial de Spielberg constitue une référence pour Chris Kentis*, Open Water n'a rien d'une production hollywoodienne. Véritable home made movie, réalisé en DV avec le centième du budget (non actualisé !) de son prestigieux prédécesseur, une équipe très réduite, sans effets spéciaux (mais avec des conditions de tournage éprouvantes) et monté avec un logiciel grand public, il n'en demeure pas moins intéressant. Probablement parce qu'il est plus réaliste, sorte de documentaire reconstitué d'un fait divers authentique relaté par la presse australienne en 1999. Présenté au Festival de Sundance 2004, il a été acquis par Lions Gate... plus de dix-neuf fois son coût de création. Cela existe, les sofica**, aux Etats-Unis ?
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Susan et Daniel forment un couple hyper-dépendants à leur travail (work addicted dans le texte). Epuisés, ils décident de partir se reposer et oublier la pression aux Bahamas. Là, après une journée de détente et de tourisme traditionnel, ils s'inscrivent pour une expédition collective de plongée sous-marine sur le site de Magic Kingdom. Adeptes de ce sport, ils embarquent avec le groupe de vacanciers à bord du bateau chargé de les emmener au-dessus des récifs de corail. La plongée, obligatoirement en duo, est libre ; la seule consigne est de regagner la surface après trente-cinq minutes. Pourtant, à cause d'un mauvais second décompte des passagers, Susan et Daniel s'aperçoivent, lorsqu'ils émergent, que le bateau est déjà parti et qu'ils sont perdus en plein océan.
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Open Water, le second film de Chris Kentis et de son épouse, Laura Lau, est, comme une pièce classique, construit en tiers. Cela commence comme un banal film de vacances d'amateur, impression renforcée par le tournage en DVCAM. Au début de la deuxième partie, le décor, essentiellement liquide avec quelques acteurs sous-marins partiellement visibles, est "planté". L'aventure peut commencer. Très naturellement, au fur et à mesure de la progression dramatique, de la défaillance successive de l'un ou l'autre des personnages, le spectateur ne peut s'empêcher de s'interroger sur le comportement qu'il adopterait dans une situation identique. La particularité de celle-ci, contrairement à l'isolement en haute montagne ou au milieu du désert par exemple, c'est la sensation d'une menace permanente. D'abord parce que la mer n'est pas l'élément naturel de l'homme. Il s'y sent spontanément faible et sa perception des choses n'y est pas adaptée. Et puis, et surtout, il n'est plus au sommet de la chaine alimentaire. Mais, ce que montre le film, c'est que le véritable adversaire de l'homme, dans ces conditions, ce n'est pas le requin mais lui-même, son manque de préparation et la perte de son instinct de survie. Ne vous attendez pas, alors, à une des deux fins conventionnelles imaginées par la majorité des spectateurs... moi y compris !
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*pour l'anecdote, dans le film, Susan, qui est le vrai prénom de Blanchard Ryan, s'appelle Watkins et Daniel se nomme Kintner comme les deux premières proies du grand requin blanc de Jaws.
**sociétés de financement de l'industrie cinématographique et de l'audiovisuel.

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