dimanche 22 mai 2005

La Petite Fadette


"... T'as choisi celui qui allait se sacrifier."

Les adaptations des œuvres d'Armandine Lucie Aurore Dupin, baronne Dudevant, plus connue sous le pseudonyme de George Sand ne sont pas si nombreuses. "La Petite Fadette", l'une des premières, film muet intitulé Fanchon, the Cricket, avec Mary Pickford dans le rôle-titre, a été tourné aux Etats-Unis en 1915. Onze ans plus tard, Jean Epstein réalisait Mauprat dans lequel apparaissait, pour la première fois, un certain Luis Buñuel*. Et le petit écran a produit, dans les années 1970, quelques téléfilms tirés des écrits de l'amante d'Alfred de Musset et de Frédéric Chopin. Celui de Michaëla Watteaux, diffusé sur France 2 le 20 décembre dernier, est une production formatée mais plaisante. Elle a rassemblé plus de sept millions de téléspectateurs.
Au XIXème siècle, deux jumeaux inséparables, Landry et Sylvinet vivent une enfance rustique mais heureuse à la campagne. Un jour qu'ils se baignent dans une rivière, le premier sauve le second de la noyade. Les années passent... Landry devient un jeune homme robuste et entreprenant ; Sylvinet se révèle plus fragile, ne supportant pas l'idée d'être séparé de son frère. Envoyé pour travailler chez les Caillaud, dont la situation financière est plus confortable, Landry se voit proposer un mariage avec Madelon, leur fille. Mais, à l'occasion d'un incident survenu lors d'une fête de village, le jeune homme découvre qu'il est épris de Fadette, une jeune fille sauvage et négligée qu'il croise dans les bois ou au village, les jours de marché. Contrairement à Madelon, Fadette, considérée par la population comme une sorcière, vit pauvrement avec sa grand-mère. Landry doit donc faire face à un cruel dilemme : renoncer à son bonheur pour aider les siens ou annuler ses fiançailles et abandonner son frère et sa famille pour rejoindre celle qu'il aime.
L'adaptation, assez libre, de Gabrielle Borile privilégie l'histoire d'amour et le thème de la gémellité au détriment de la dimension originelle de conte dans lequel la figure du double et la sorcellerie occupent une place essentielle. La peinture, presque ethnographique, de la société paysanne du XIXe siècle avec l'utilisation fréquente du patois berrichon, est, bien sûr, également occultée par rapport au roman paru en 1849, le deuxième de la trilogie champêtre (avec "La Mare au Diable" et "François le Champi") de l'auteur. La mise en scène est sobre et, dans l'ensemble, sans fausses notes. L'interprétation est dominée par les seniors, celles de Richard Bohringer et, malgré sa faible présence à l'écran, d'Annie Girardot. Mais la jeune Mélanie Bernier est une actrice très prometteuse que l'on prendra plaisir à retrouver dans un rôle plus exigent.
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*comme assistant-réalisateur et acteur.

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