samedi 14 mai 2005

Atlantic City


"Pourquoi utilises-tu des citrons ?"

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Deuxième film, après le controversé Pretty Baby, produit et réalisé par Louis Malle aux Etats-Unis, Atlantic City est le fruit de la rencontre du cinéaste avec le producteur canadien Denis Heroux. Celui-ci lui propose d'adapter à l'écran le roman de Laird Koenig*, "The Neighbour", paru en 1978. John Guare, qui a participé à l'écriture du scénario du premier film américain de Milos Forman, Taking Off, est associé au projet et suggère de déplacer l'action à Atlantic City. Malle, sous le couvert d'un polar mineur, revisite des thèmes qui lui sont proches et qui font l'intérêt réel d'une œuvre couronnée par un "Lion d'or" (ex aequo avec Gloria de John Cassavetes) à Venise en 1980. Sa double nationalité lui permet également d'être à la fois sélectionnée en 1981 aux "César" (meilleurs musique et scénario, titres remportés par le grand vainqueur de la soirée, Le Dernier métro) et en 1982 aux "Oscars" dans cinq catégories majeures, dont meilleurs film et réalisateur.
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Dave, un jeune paumé, profite d'un tuyau pour voler un sachet de cocaïne à Philadelphie. Accompagné de Chrissie, enceinte de leur enfant, il prend alors la route d'Atlantic City où il espère écouler sa précieuse marchandise. Arrivé sur place, le couple demande l'hospitalité à Sally, l'épouse séparée de Dave et la sœur de Chrissie. Sally travaille dans un bar à huîtres de la ville et suit des cours du soir pour devenir croupière dans un casino. Son rêve, alimenté par Joseph, son formateur, serait de partir pour la France, en particulier Monte-Carlo. Dave se met à la recherche d'un acheteur. En flattant la vanité de Lou, un voisin modeste bookmaker, un peu usé, qui prétend avoir été un truand de grande envergure, Dave utilise son appartement pour préparer et cacher la drogue. Il finit même par lui demander, contre rémunération, de lui servir d'intermédiaire dans la transaction. En attendant Lou dans la rue, Dave est repéré par les vrais propriétaires de la drogue.
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Louis Malle, avec son premier film situé dans l'Amérique contemporaine, oppose encore une fois les générations et dresse un portrait de son pays d'accueil. "On voulait combiner l'ancien et le nouveau... Le personnage de Burt Lancaster... représentait le passé, et le personnage de Susan Sarandon, qui habitait le même immeuble, représentait ces gens venus de toute l'Amérique, avec leurs rêves... c'est bien évidemment une métaphore de l'Amérique même" dit-il à propos de son film. Mais les vrais thèmes du film sont ceux de l'apparence et de la renaissance. A l'image d'Atlantic City, jadis glorieuse (principal port de la côte Est à accueillir l'alcool clandestin et animé par ses casinos et ses night-clubs où se produisirent à leurs débuts des vedettes comme Frank Sinatra, Dean Martin et Jerry Lewis), personnage à part entière plus que simple décor, les principaux protagonistes tentent tous de donner une nouvelle inflexion à leur existence. Le personnage interprété par Burt Lancaster (pour lequel Robert Mitchum avait un temps été pressenti) essaie enfin de donner un semblant de contenu à la légende qu'il s'est inventée. Et celui joué par Susan Sarandon, déjà présente dans Pretty Baby et, ici, dans son premier grand rôle, voit une nouvelle chance de changer véritablement de vie après une première tentative malheureuse. Le couple d'acteurs, réuni pour la première et dernière fois, offre une belle prestation ; après 1900, Lancaster retrouve notamment un rôle à sa dimension. A noter, enfin, la participation presque symbolique de Michel Piccoli et l'étonnante discrétion du score de Michel Legrand.
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