"Messieurs, s'il vous plaît."
Jean-Pierre Améris est un cinéaste de la fêlure, du déséquilibre. Ses précédents films, Mauvaises fréquentations ou C'est la vie par exemple, l'attestent. Le dernier en date ne déroge pas à la règle. Adaptation du roman éponyme d'Olivier Adam paru en 2002, Poids léger, s'il ne boxe pas dans la catégorie de The Set-Up ou de Raging Bull,
est plaisant à défaut d'être réellement percutant. Le film est le
premier du réalisateur à avoir été en sélection officielle, dans la
section "Un Certain Regard", du Festival de Cannes.
Antoine, employé dans une entreprise de pompes funèbres, consacre son temps libre à la boxe amateur de haut niveau. Son entraîneur, Chef, fonde beaucoup d'espoirs en lui et s'en occupe davantage comme un père que comme un ami. Antoine rencontre Su,
une jeune apprentie styliste qui vient parfois donner un coup de main à
ses parents dans le restaurant qu'ils tiennent. Les deux jeunes gens se
plaisent et deviennent rapidement amants. Mais, obsédé par la mort, en
particulier celle de ses parents lorsqu'il était encore un enfant, Antoine se montre maladroit dans sa relation avec Su. Lorsque sa sœur, Claire, lui annonce son mariage et qu'il perd un combat important pour sa carrière de boxeur, Antoine part progressivement dans une dérive violente et alcoolique.
Il ne faut pas se méprendre. Poids léger
n'est pas un film sur la boxe et le "noble art" n'en est pas non plus
un élément scénaristique déterminant, juste une toile de fond, un
prétexte exutoire pour caractériser la solitude, le malaise et la rage
intérieure du personnage principal. Parmi les qualités du film, il faut
souligner son réalisme presque documentaire, l'essentiel de la mise en
scène étant axé sur l'action elle-même plus que sur un développement
artificiel de la psychologie des personnages. Le simple contraste entre
la positive Claire et le destructeur Antoine apporte,
de ce point de vue, un relief narratif intéressant. On peut, en
revanche, regretter la longueur de la phase de situation, la pauvreté
relative des dialogues et la place occupée par la mémoire d'enfance sous
la forme de séquences de film amateur aux images dégradées. Sans avoir
l'ambition d'un Million Dollar Baby,
il manque, néanmoins, une réelle intensité dramatique au film pour
qu'il puisse trouver un second souffle décisif et salvateur.
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